« Mon silence a détruit ma femme » : Lettre d’un homme brisé - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Emmanuel | Publié le 10/07/2025 09:07:15

« Mon silence a détruit ma femme » : Lettre d’un homme brisé

Pendant longtemps, j’ai laissé le doute et le poids de la tradition condamner la femme que j’aimais. Aujourd’hui, je prends la plume pour dire ce que je n’ai jamais eu le courage d’avouer à ma famille, ni à elle : c’est moi qui suis infertile, pas elle.

Nous sommes mariés depuis huit ans. Dès la troisième année sans enfant, les regards ont commencé à changer. Les murmures aussi. « Nafi est stérile », disaient-ils. Ma mère, mes tantes, mes sœurs… toutes ont peu à peu levé le doigt vers elle. On lui a conseillé des marabouts, des décoctions, des ablutions spéciales. Elle s’y est pliée, par amour pour moi, pour mon honneur, pour la paix du foyer.

Moi, je gardais le silence.

Je l’ai accompagnée à tous les rendez-vous gynécologiques. Jamais personne ne m’a demandé de faire un test. Et quand un médecin, plus audacieux que les autres, m’a suggéré un spermogramme, j’ai refusé. Blessé dans ma virilité, piégé par une société qui fait de l’homme un intouchable dès qu’il s’agit de fertilité, j’ai préféré accuser le destin.

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Un jour, Nafi a fondu en larmes après une énième remarque de ma mère. Elle m’a dit : « Je ne peux plus. Soit tu dis la vérité, soit je pars. » Et je n’ai rien dit. Par lâcheté. Elle est partie. Humiliée. Épuisée. Et moi, je suis resté… seul. Face à mes regrets.

Je vis aujourd’hui dans une maison où son rire a été remplacé par le vide. Ma famille, qui l’a rejetée, commence à se poser des questions. On me pousse à prendre une seconde épouse. Mais moi, je sais ce qu’ils ignorent : je ne pourrai donner d’enfant à aucune femme.

Pourquoi je témoigne aujourd’hui ? Parce qu’il est temps de briser ce silence toxique. Au Sénégal, dans nos quartiers, dans nos familles, l’infertilité est toujours associée à la femme. On la scrute, on la juge, on l’humilie, sans même penser que l’homme pourrait être concerné. Pourtant, les chiffres sont clairs : l’infertilité masculine existe, et elle n’est pas une honte.

Notre société doit évoluer. Les hommes aussi doivent avoir le courage de faire des examens, d’accepter leur vulnérabilité. Et surtout, de protéger les femmes qu’ils aiment des injustices sociales. Ce n’est pas une faiblesse de dire « je ne peux pas », c’est une force d’en parler.

À tous ceux qui me liront, je dis ceci : ne faites pas comme moi. Ne sacrifiez pas l’amour sur l’autel de l’orgueil. Si j’avais parlé plus tôt, peut-être que Nafi serait encore là, et que nous aurions trouvé un autre chemin vers la parentalité, ensemble.

Aujourd’hui, je vis avec ce poids. Et cette vérité, enfin libérée, est mon seul moyen de réparer un peu de ce que j’ai brisé.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 10/07/202
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oumar
facé ko rk frére wakhbi diekh
Le 2025-07-10 17:06:15

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