Une commémoration tourne au massacre : Répression au Kenya - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 10/07/2025 08:07:30

Une commémoration tourne au massacre : Répression au Kenya

Le 7 juillet dernier, le Kenya a commémoré la Journée Saba Saba, symbole de la lutte pour la démocratie, dans un climat d’une extrême violence. Alors que des citoyens manifestaient pacifiquement pour honorer un moment historique et exprimer leur mécontentement face à la gouvernance du président William Ruto, la réponse des autorités a été d’une brutalité glaçante. Le bilan est lourd : au moins dix morts, 29 blessés et plus de 560 arrestations. Face à de telles dérives, il devient impératif de dénoncer sans détour une répression aveugle et systématique, qui foule aux pieds les principes fondamentaux des droits humains.

La Journée Saba Saba incarne le combat d’un peuple pour la démocratie, contre un régime autoritaire. Mais ironie du sort, 35 ans plus tard, ce même peuple est réprimé par un pouvoir qui semble avoir tiré bien peu de leçons de l’histoire. Sous prétexte de sécurité, la police kényane a transformé cette journée symbolique en une scène de violence étatique, où les armes ont répondu aux slogans. Ce n’est pas la démocratie qui a parlé ce jour-là, mais la peur d’un régime fragilisé.

Le déploiement massif des forces de l’ordre, les barrages à l’entrée de Nairobi, les tirs à balles réelles dans des zones habitées dénoncés par Amnesty International, tout indique une stratégie répressive pensée et assumée. Plus inquiétant encore, la présence de bandes criminelles armées opérant aux côtés de la police. Des milices non identifiées, cagoulées, armées de fouets et de massues, ont été vues terrorisant les manifestants. Ces agissements s’apparentent à des méthodes de terreur d’État, où la confusion entre forces de sécurité et criminels devient un outil de dissuasion.

En comparant les manifestations à une « tentative de coup d’État », le gouvernement Ruto tente de diaboliser toute voix dissidente. Cette rhétorique dangereuse criminalise l’exercice du droit constitutionnel de manifester. L’arrestation de 567 personnes, sans distinction claire entre manifestants pacifiques et fauteurs de troubles, révèle une volonté manifeste d’intimider la population. L’objectif est clair : étouffer toute forme de contestation sociale dans l’œuf.

La situation actuelle au Kenya rappelle tristement d’autres régimes africains où l’usage de la force prévaut sur le dialogue : en Ouganda, lors des manifestations contre Museveni, ou au Zimbabwe sous Mnangagwa, où les violences policières se sont aussi multipliées face à la grogne populaire. Ce schéma répressif se répète inlassablement : criminalisation des opposants, instrumentalisation des forces de sécurité, silence face aux exactions.

Les citoyens kényans ne réclament ni le chaos ni la subversion. Ils demandent un gouvernement à l’écoute, une gouvernance équitable, un avenir digne. En réprimant ces aspirations par la force, le régime de William Ruto trahit les idéaux mêmes qui ont permis l’avènement du multipartisme dans le pays. La communauté internationale, les partenaires africains, les organisations de la société civile doivent élever la voix pour condamner fermement ces dérives.

Il ne peut y avoir de paix durable sans justice. Et il ne peut y avoir de justice sans respect des droits humains. En massacrant la mémoire de Saba Saba par la répression, le Kenya tourne le dos à son histoire et compromet gravement son avenir démocratique.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Pascal.
Mis en ligne : 10/07/2025

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Paul
Avec ça niou beug africain yi avancé
Le 2025-07-11 15:27:38

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