L’annonce de la mise en liberté sous bracelet électronique d’Aïssatou Sophie Gladima, ancienne ministre des Mines et de la Géologie, après plus de six semaines de détention provisoire dans le cadre de l’enquête relative au Fonds Force Covid-19, suscite un vif intérêt. Décision prise de manière autonome par la Haute Cour de justice, cette mesure est présentée comme une évolution respectueuse de la présomption d’innocence et des droits de la défense. Toutefois, cette libération, bien que strictement encadrée, soulève des interrogations quant à son impact sur la lutte contre la corruption au Sénégal.
La corruption demeure un enjeu majeur pour le développement durable et la bonne gouvernance en Afrique, et tout particulièrement au Sénégal. Le pays a affirmé son engagement à combattre avec rigueur les irrégularités, notamment dans les cercles politiques, où le sentiment d’impunité constitue un obstacle à la confiance des citoyens envers leurs institutions. Le dossier concernant Mme Gladima, qui porte sur la gestion de 73 millions de francs CFA du Fonds Force Covid-19, illustre la nécessité d’une approche ferme et cohérente face à ces enjeux.
La décision de libérer Mme Gladima, tout en maintenant un contrôle strict, alors que l’instruction est toujours en cours, peut être perçue comme une certaine forme de clémence qui pourrait affaiblir la perception d’une justice rigoureuse. Bien que cette mesure soit légalement justifiée, elle pourrait laisser entendre que certains responsables politiques bénéficient d’un traitement spécifique, ce qui pourrait nuire à l’image d’une justice impartiale et résolue.
Par ailleurs, le fait que cette décision émane d’une initiative autonome de la Commission d’instruction, et non d’une demande de la défense, n’enlève rien à la portée symbolique de cette mise en liberté dans un dossier sensible. Cette situation pourrait potentiellement établir un précédent qui, à terme, affaiblirait l’effet dissuasif nécessaire dans ce type de procédures.
La lutte contre la corruption ne peut se limiter à des mesures partielles. La détention provisoire, quand elle est justifiée, constitue un outil important pour garantir le bon déroulement de l’enquête et prévenir toute interférence. Libérer une personnalité politique concernée par une affaire délicate envoie un message ambigu quant à la fermeté de la justice, ce qui pourrait encourager des comportements à risque, avec l’espoir d’un traitement plus clément.
À l’inverse, certains pays tels que le Rwanda ou la Géorgie ont démontré qu’une politique ferme de tolérance zéro envers la corruption, soutenue par une justice indépendante et rigoureuse, peut renforcer la confiance publique, améliorer la gouvernance et favoriser les investissements. Ces exemples soulignent l’importance d’une application stricte des règles, y compris envers les personnalités publiques.
La libération sous bracelet électronique de Mme Gladima, bien qu’entrant dans le cadre légal, pourrait être perçue comme un affaiblissement de la détermination nécessaire dans la lutte contre la corruption. Cette décision pourrait affecter la confiance des citoyens dans la capacité des institutions à faire respecter la justice de manière équitable et efficace.
Il faut que les autorités judiciaires et politiques adoptent une position claire et ferme : aucune tolérance ne doit être accordée dans les affaires de corruption, en particulier lorsque des hauts responsables sont impliqués. La crédibilité et la légitimité du système judiciaire, ainsi que l’avenir démocratique et économique du pays, en dépendent.
Le Sénégal se doit de montrer sa détermination en envoyant un message fort à tous ceux qui seraient tentés de détourner les ressources publiques. Une lutte exemplaire et sans compromis contre la corruption constitue la condition sine qua non pour bâtir un Sénégal plus juste et prospère.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cherif Dansokho.
Mis en ligne : 11/07/2025
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