Une Assemblée sous verrou : La démocratie parlementaire étouffée - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Emmanuel | Publié le 13/07/2025 02:07:15

Une Assemblée sous verrou : La démocratie parlementaire étouffée

La conférence de presse du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal, tenue ce 7 juillet 2025, a jeté une lumière crue sur les dérives institutionnelles qui minent aujourd’hui l’Assemblée nationale sénégalaise. À travers une déclaration ferme, les députés de l’opposition ont dénoncé une mainmise de l’exécutif sur le pouvoir législatif, ainsi qu’une série de violations graves du règlement intérieur.

Depuis la clôture de la session ordinaire 2024-2025, les tensions au sein de l’hémicycle n’ont cessé de s’accroître. Takku Wallu pointe du doigt un Parlement devenu le prolongement docile de l’exécutif, où les initiatives émanent presque exclusivement du gouvernement, reléguant l’opposition au rôle d’observateur. La suppression d’institutions constitutionnelles, les levées d’immunité parlementaire à répétition, ainsi que le blocage systématique des propositions de loi portées par les députés de l’opposition en sont des illustrations flagrantes.

Les violations des règles de fonctionnement sont dénoncées comme devenues monnaie courante. Le refus d’appliquer l’article 74, qui garantit le droit de réponse à l’auteur d’une question préalable, ainsi que l’implication active du président de l’Assemblée dans les débats en contradiction totale avec l’article 69 traduisent un mépris pour les textes qui organisent le débat parlementaire. L’Assemblée nationale n’apparaît plus comme une institution de contrôle de l’action gouvernementale, mais comme un organe de validation automatique de la volonté présidentielle.

Ces pratiques ne sont pas sans rappeler d’autres expériences autoritaires sur le continent, où l’opposition est systématiquement muselée et les institutions législatives transformées en chambres d’enregistrement. Au Togo, par exemple, les partis d’opposition ont souvent dénoncé un Parlement aux ordres, vidé de sa capacité à jouer un rôle de contre-pouvoir. La similitude avec la situation actuelle au Sénégal est troublante.

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L’illusion d’un pluralisme : Dans ce contexte, l’existence d’un multipartisme ne saurait à elle seule être un gage de démocratie. Le jeu démocratique repose sur des principes fondamentaux : la séparation des pouvoirs, l’équité dans les débats, et le respect des règles établies. Or, lorsque l’opposition est marginalisée, ses élus menacés, et ses propositions ignorées, c’est tout l’édifice démocratique qui vacille.

Pour une démocratie réelle, pas décorative : Il faut remettre de la rigueur dans le fonctionnement parlementaire. Le président de l’Assemblée nationale doit faire preuve de hauteur et d’impartialité. Il appartient également à la majorité de reconnaître à l’opposition son rôle indispensable dans le débat démocratique. Une démocratie sans opposition audible n’est qu’une illusion.

Le Sénégal ne peut se permettre de basculer dans un régime de façade. Le Parlement doit redevenir un espace de dialogue, de contrôle, et de production législative équilibrée faute de quoi, la défiance envers les institutions ne cessera de croître.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Malick Sarr.
Mis en ligne : 13/07/2025

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