La mobilisation de Pastef à Touba dans le cadre d’une opération de nettoyage des canaux de drainage, en partenariat avec l’Onas et la municipalité. Baptisée Initiative patriotique pour la gestion des inondations (IPGI), cette action se veut citoyenne et solidaire. Mais ne soyons pas dupes : derrière les pelles et les bottes de chantier, c’est une opération de communication bien huilée qui se joue. Cette initiative, aussi bruyante qu’elle soit, reste largement insuffisante et relève davantage du coup médiatique que d’une réponse structurelle aux inondations chroniques de Touba.
Chaque année, Touba, ville religieuse et hautement symbolique, est confrontée à des inondations dévastatrices. Entre canaux bouchés, urbanisation anarchique et réseaux de drainage saturés, la ville paie le prix fort de décennies de négligence étatique. Face à ce fléau récurrent, les populations attendent des politiques publiques claires, pérennes et financées à long terme. Ce qu’elles reçoivent, ce sont des journées de curage et des photos de militants en gilets oranges.
Que faut-il penser de cette mobilisation de Pastef ? Elle donne l’illusion d’une prise en charge citoyenne, d’un réveil politique local. En réalité, elle masque une vérité plus dérangeante : l’absence d’un plan d’assainissement sérieux pour la deuxième agglomération du pays. Le parti, aujourd’hui au pouvoir, préfère miser sur des actions ponctuelles à fort potentiel symbolique plutôt que sur des investissements lourds en infrastructures.
Créer 25 comités de gestion ? Très bien. Mais avec quels moyens ? Nettoyer 17 km de canaux ? Louable, mais largement en-deçà des besoins. Et quand on sait que les raccordements illégaux polluent le réseau, information confirmée par l’Onas elle-même, on comprend que sans régulation, éducation citoyenne et politiques cohérentes, rien ne changera.
Une réponse partielle à un problème structurel : Les opérations de curage ne s’attaquent qu’à la surface. Le véritable mal réside dans l’absence de planification urbaine, l’indiscipline citoyenne et l’inaction prolongée des pouvoirs publics.
Un détournement politique des préoccupations citoyennes : En plaçant son logo sur chaque pelle, Pastef transforme une tragédie récurrente en outil de marketing politique. Où est la sincérité dans l’engagement ?
L’absence de vision durable : À quand un schéma directeur d’assainissement pour Touba ? Où sont les budgets pluriannuels, les audits techniques, les appels d’offre transparents ? L’IPGI n’est ni un programme structuré ni une politique publique. C’est une rustine sur une digue fissurée.
Dans d’autres pays d’Afrique, des villes comme Kigali ou Abidjan ont lancé des programmes ambitieux, soutenus par des financements internationaux, pour lutter durablement contre les inondations : construction de bassins de rétention, relocalisation des populations vivant dans les zones à risque, investissements dans l’ingénierie hydrologique. À Touba, on se contente d’un curage de caniveaux sous les projecteurs.
Soyons sérieux. Le curage de quelques kilomètres de canaux ne sauvera pas Touba. Ce qu’il faut, c’est une politique d’assainissement visionnaire, rigoureuse et durable. Les citoyens méritent plus que des opérations de charme aux allures de happening politique. Pastef doit sortir de la posture symbolique et assumer pleinement ses responsabilités gouvernementales. Assez de poudre aux yeux. Il est temps de construire, pas de communiquer.
Les citoyens de Touba, doivent exiger des solutions concrètes, pas des slogans ! Que les élus travaillent sur des plans ambitieux, encadrés par des experts, financés par l’État et les bailleurs. La politique du spectacle ne sauvera personne des eaux montantes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 14/07/2025
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