Le 10 juillet, le Journal officiel du Mali a annoncé la promulgation par le général Assimi Goïta d’une loi lui accordant un mandat de cinq ans, renouvelable à volonté et sans élection. Cette décision consacre de facto son maintien à la tête de l’État jusqu’en 2030, voire au-delà. Elle marque une nouvelle étape inquiétante dans la crise institutionnelle au Mali, où le pouvoir militaire se consolide au détriment de toute perspective démocratique. Sous couvert de stabilité, le régime militaire s’éloigne chaque jour davantage de la légitimité populaire.
Depuis le coup d’État de 2020, les autorités maliennes justifient leur présence au pouvoir par l’argument de l’insécurité persistante. Face aux attaques terroristes et à la fragilité de l’État, l’armée s’est imposée comme l’unique rempart. Mais cette réponse sécuritaire, bien que compréhensible dans l’urgence, s’est transformée en instrument de domination politique. Le général Goïta, en se maintenant sans élection, alimente la crise institutionnelle au Mali en vidant les mécanismes démocratiques de leur substance.
La loi récemment promulguée scelle cette dérive. En repoussant indéfiniment le retour à l’ordre constitutionnel, elle entérine un pouvoir militaire à durée illimitée. La promesse d’une transition vers un régime civil n’était qu’un leurre.
La crise institutionnelle au Mali repose sur une contradiction majeure : un régime censé incarner l’autorité de l’État, mais qui refuse toute forme de légitimation par les urnes. Le peuple n’a pas été consulté. Aucune élection, aucun référendum, aucun débat national. Le régime gouverne seul, en s’appuyant sur une rhétorique sécuritaire qui ne justifie en rien la suspension des droits politiques fondamentaux.
À l’échelle internationale, d’autres pays ont affronté des contextes similaires sans renoncer à la démocratie. En Colombie, malgré les conflits armés internes, le processus électoral a toujours été maintenu. Le Burkina Faso, bien que sous régimes militaires à plusieurs reprises, a connu des transitions plus ouvertes à la pression populaire. Dans ce contexte, le cas malien inquiète par sa radicalisation et son isolement institutionnel.
La crise institutionnelle au Mali ne se limite pas aux frontières nationales. Elle envoie un message aux peuples et aux élites de la région : il serait possible de gouverner sans élection, indéfiniment, sous prétexte d’instabilité. Ce précédent, s’il est accepté, pourrait inspirer d’autres tentations autoritaires dans des pays déjà fragiles.
Il devient impératif de dénoncer cette situation. La stabilité du Mali ne peut être garantie par une confiscation du pouvoir. La crise institutionnelle au Mali affaiblit l’État autant qu’elle trahit le peuple. Un pouvoir sans contre-pouvoirs, sans échéances électorales et sans responsabilité devant les citoyens, n’apporte ni paix durable ni justice.
Les Maliens, les Africains et les partenaires internationaux doivent clairement se positionner. Le Mali mérite un avenir fondé sur le droit, la liberté et la responsabilité démocratique. Face à cette dérive autoritaire, restons fermes : la sécurité ne doit jamais être une excuse pour effacer la volonté populaire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Traoré.
Mis en ligne : 16/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





