Ce jeudi, la FIFA a publié son classement actualisé pour le mois de juillet 2025. Derrière la rigueur apparente des chiffres se cache une réalité bien plus floue. Si le Maroc conserve la tête du classement africain, sans avancer mondialement, et que le Sénégal grappille une modeste place, la Côte d’Ivoire connaît une chute brutale. Pourtant, ces évolutions posent question. Ce classement reflète davantage une mécanique arbitraire qu’une véritable évaluation de la performance et de la constance des équipes africaines.
Le classement FIFA est censé offrir une photographie fidèle de la forme actuelle des nations. Or, il semble que certaines performances récentes soient surévaluées, tandis que des parcours solides sur la durée sont pénalisés. Le Maroc, par exemple, reste bloqué à la 12e place mondiale malgré une série d’invincibilité remarquable de 14 matchs. Pendant ce temps, le Mexique, fraîchement vainqueur de la Gold Cup contre des adversaires souvent inférieurs à ceux que le Maroc affronte régulièrement, le talonne de près.
Même incohérence du côté de la Côte d’Ivoire. Certes, leur trêve internationale fut peu convaincante, mais faut-il vraiment qu’un match nul et une courte défaite face à des équipes extra-continentales effacent le parcours d’une équipe qui, rappelons-le, a remporté la dernière CAN ? En chutant à la 6e place africaine, les Éléphants voient leur statut remis en question par un système de calcul qui semble négliger le poids des compétitions majeures.
Le cas du Nigeria illustre encore cette dérive. Les Super Eagles passent devant la Côte d’Ivoire en gagnant contre le Ghana et la Jamaïque, puis en tenant tête à la Russie. Trois matchs, dont deux contre des sélections en pleine reconstruction, suffisent à récompenser une équipe historiquement irrégulière. Où est la logique ? Le classement ne semble pas valoriser la stabilité, mais privilégier l’instant. Un simple mois suffit à redessiner la carte des puissances africaines, au mépris de l’histoire et des performances récentes.
Et que dire de l’Algérie, cantonnée à la 36e place mondiale, malgré une dynamique retrouvée et un jeu en net progrès ? Ou de l’Afrique du Sud, solide et constante, qui ne bouge quasiment pas ? Ces exemples traduisent un problème plus profond : le système de points favorise les équipes qui participent à certaines compétitions, même peu exigeantes, au détriment de celles qui s’illustrent dans des contextes plus difficiles.
Comparons avec l’Europe : des nations comme la Suisse ou la Croatie conservent souvent des places confortables malgré des résultats en dents de scie. En Amérique du Sud, l’Uruguay ou la Colombie bénéficient d’un capital de points peu remis en cause. Pourquoi cette indulgence ? Serait-ce que les critères FIFA sont davantage conçus pour préserver un ordre établi que pour récompenser le mérite sportif ?
Il faut revoir les critères du classement FIFA. Plutôt que d’additionner des points sur la base de matchs parfois anecdotiques, la FIFA devrait introduire une pondération plus rigoureuse selon l’importance des compétitions, la qualité des adversaires, et surtout la constance des performances sur une période plus longue.
Le classement FIFA de juillet 2025 confirme une chose : il est tout sauf un miroir fidèle du football africain. En entretenant des déséquilibres et en dévalorisant certaines équipes méritantes, il trahit l’esprit même de la compétition. La FIFA doit réformer son système pour mieux refléter la réalité du terrain. En attendant, les supporters, les analystes et les fédérations africaines doivent garder une distance critique face à ces chiffres. La vérité du football, elle, continue de se jouer sur la pelouse.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Sy.
Mis en ligne : 16/07/2025
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