Dans un article signé par Thierno Bocoum, figure de l’opposition sénégalaise, une attaque virulente est dirigée contre le régime actuel, sous couvert de défendre Ousmane Sonko et dénoncer ce qu’il perçoit comme une chasse aux voix dissidentes.
Si la liberté d’expression doit être défendue, il est légitime, voire nécessaire, de dénoncer ici une posture populiste et un recours systématique au sensationnalisme qui appauvrit le débat politique national. Ce texte, au lieu d’élever le niveau du discours, révèle une tendance devenue récurrente dans l’opposition : crier au scandale à la moindre occasion sans jamais affronter les véritables problèmes du pays.
La condamnation de Ousmane Sonko pour corruption de la jeunesse a suscité de nombreux commentaires, à juste titre. Mais l’article de Thierno Bocoum détourne cette affaire juridique en la transformant en procès politique. Il tente de rallier l’opinion en dénonçant un supposé acharnement contre un simple « dissident », en l’occurrence Badara Gadiaga, tout en ignorant le fond du débat. Cette attitude reflète une incapacité, ou un refus, de construire une opposition crédible et structurée, capable de proposer une alternative sérieuse. L’enjeu judiciaire est remplacé par l’émotion, la réflexion par l’agitation.
En défendant l’idée que les critiques envers un juriste de Pastef seraient plus graves que la polémique elle-même, Bocoum fait preuve d’une logique paradoxale. Il préfère détourner l’attention de l’opinion publique vers un détail symbolique plutôt que d’interroger l’interprétation confuse d’un verdict judiciaire par un membre de sa propre famille politique. Pire, il transforme cette faute d’interprétation en martyrisation. Ce n’est pas une stratégie politique responsable, mais bien un usage calculé du buzz pour faire oublier les failles internes.
Ce phénomène n’est pas isolé. D’autres figures de l’opposition sénégalaise, à l’image de certains influenceurs politiques, ont adopté cette méthode : créer le scandale, occuper les réseaux sociaux, et éviter soigneusement les débats sur les réformes économiques, la lutte contre le chômage, ou les politiques publiques. Le cas de Madiambal Diagne, cité dans l’article, illustre cette confusion entretenue volontairement entre journalisme d’investigation et règlement de comptes politiques.
Regardons ailleurs : en Afrique du Sud, Julius Malema, leader des Economic Freedom Fighters, s’est également fait connaître par son goût pour le clash médiatique. Pourtant, cette stratégie ne l’a pas aidé à proposer un programme cohérent pour son pays. En France, les mouvements populistes comme les « Gilets Jaunes » ont vite perdu leur crédibilité faute d’agenda structuré. Le parallèle est parlant : une opposition qui fait trop de bruit sans direction finit par lasser.
Il faut que l’opposition sénégalaise cesse de courir derrière les faits divers. Notre démocratie mérite mieux qu’un théâtre d’indignations passagères. Les Sénégalais attendent des idées, des projets, une vision pour l’avenir. Le véritable courage politique n’est pas de crier au loup à chaque convocation judiciaire, mais de proposer une alternative crédible aux défis du pays. L’opposition sénégalaise doit retrouver sa dignité en se hissant à la hauteur des enjeux, plutôt que de sombrer dans le vacarme creux du buzz.
Les sénégalais doivent exiger plus. Refuser le spectacle sans contenu. Demander à ceux qui prétendent nous représenter de les respecter, en travaillant sur l’essentiel : éducation, santé, sécurité, emploi. C’est par le sérieux, et non par le scandale, que naît le vrai changement.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Ba.
Mis en ligne : 16/07/2025
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