L’affaire Badara Gadiaga a récemment fait les gros titres, notamment après sa garde à vue pour « discours contraire aux bonnes mœurs », et son déferrement pour plusieurs chefs d’accusation. D’après les informations relayées par Libération, des transferts de plusieurs millions via Orange Money seraient également au cœur des soupçons. Mais derrière l’emballage judiciaire, il est difficile de ne pas y voir un acharnement ciblé, dirigé contre une voix critique.
Badara Gadiaga, chroniqueur bien connu de l’émission Jaakaarlo Bi sur la TFM, s’est exprimé sur les propos controversés du Premier ministre Ousmane Sonko. Suite à cela, une vague de critiques l’a visé, alimentée par une partie de la classe politique et relayée par des autorités judiciaires promptes à ouvrir une enquête. Il est aujourd’hui poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, discours contraire aux bonnes mœurs, et offense au président de la République.
Les chefs d’accusation semblent disproportionnés face au contenu des propos incriminés. La sévérité de la procédure judiciaire engagée interroge : garde à vue, requête pour mandat de dépôt, réquisitions bancaires, enquêtes patrimoniales… Autant de mesures qui donnent l’impression d’un déploiement hors norme pour une simple opinion exprimée dans un cadre médiatique.
Certes, certains termes utilisés par Gadiaga pouvaient heurter, mais n’est-ce pas précisément le rôle du chroniqueur d’user d’un ton libre et critique ? L’émission Jaakaarlo Bi est connue pour ses débats sans concession. Loin d’un discours haineux, Gadiaga a précisé s’appuyer sur des faits judiciaires, dans une langue propre à sa culture. Où est l’infraction ? Où est le danger public ? Ce procès ressemble à une tentative d’étouffer un contradicteur à coups de procédures.
Les accusations initiales ne suffisant pas à fonder une détention, on y ajoute des éléments financiers qui n’ont, pour l’instant, aucune qualification pénale claire.
Gadiaga a exprimé une opinion dans le cadre d’un débat public. Le rôle des chroniqueurs est justement de susciter des réflexions, même polémiques.
Le député Amadou Ba, également cité dans l’émission, a tenu des propos d’une rare violence verbale sans subir la moindre poursuite. Deux poids, deux mesures ?
Si cette affaire fait jurisprudence, tout citoyen exprimant un désaccord avec les autorités risque d’être accusé d’« offense au Président ».
Des cas similaires dans d’autres pays révèlent un triste schéma : en Côte d’Ivoire ou au Togo, plusieurs journalistes et chroniqueurs ont été poursuivis pour avoir critiqué le pouvoir en place. Au Sénégal, la répétition de cas de poursuites contre des voix critiques alimente une inquiétude croissante : Pape Alé Niang, Adama Gaye, Guy Marius Sagna… la liste s’allonge.
Dans des démocraties plus consolidées comme la France ou les États-Unis, les propos de Gadiaga, aussi polémiques soient-ils, auraient probablement suscité un débat public plutôt qu’une convocation au poste de police.
L’arrestation de Badara Gadiaga ressemble à un signal envoyé à tous ceux qui oseraient critiquer le pouvoir. Derrière les procédures judiciaires, ce qui transparaît, c’est une volonté claire de neutraliser une voix trop libre. On veut nous faire croire qu’il a été payé ? Soit. Mais même dans ce cas, cela ne justifie ni la privation de liberté ni l’acharnement judiciaire. Ce que le public voit aujourd’hui, c’est une manœuvre politique évidente, qui risque de ternir encore un peu plus l’image d’une justice que l’on voudrait indépendante.
Libérez Badara Gadiaga. Tout le monde a compris.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Oumar Mballo.
Mis en ligne : 16/07/2025
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