Règlement de comptes diplomatique : Affaire Mamadou Hawa Gassama - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 17/07/2025 09:07:15

Règlement de comptes diplomatique : Affaire Mamadou Hawa Gassama

Le 2 juillet dernier, Mamadou Hawa Gassama, membre du Conseil National de Transition (CNT) malien, a été arrêté à Abidjan. Il est depuis emprisonné, poursuivi pour « offense au chef de l’État » ivoirien, à la suite de propos tenus dans une interview datant de 2022. Une lettre d’excuses adressée à Alassane Ouattara a récemment fuité sur les réseaux sociaux, suscitant interrogations et indignation.

Au regard de l’opacité de cette affaire et du contexte politique régional, il est légitime de dénoncer une instrumentalisation manifeste de la justice par les autorités ivoiriennes, dans le but de discréditer le Mali.

Les relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire sont particulièrement tendues depuis les coups d’État militaires qui ont conduit la junte au pouvoir à Bamako. L’arrestation en 2022 de 49 soldats ivoiriens au Mali, considérés par Bamako comme des « mercenaires », avait déjà provoqué une crise diplomatique majeure. Leur libération après de longues négociations n’a visiblement pas suffi à rétablir la confiance entre les deux pays. Dans ce contexte de défiance, l’affaire Mamadou Hawa Gassama ressemble davantage à une vengeance politique qu’à une démarche judiciaire impartiale.

Il est étonnant qu’un homme politique malien soit poursuivi sur le sol ivoirien pour des propos tenus dans une interview datant de deux ans. L’arrestation de Mamadou Hawa Gassama, sans déclaration officielle des autorités maliennes ou ivoiriennes, laisse penser à une procédure guidée par des intérêts diplomatiques plutôt que par la recherche de vérité ou de justice. Le fait que sa lettre d’excuses ait « fuité » uniquement après avoir été transmise « par les voies idoines » renforce le soupçon de manipulation. Cette fuite, probablement orchestrée depuis la présidence ivoirienne, vise clairement à humilier un représentant officiel malien, tout en envoyant un message politique à Bamako.

L’affaire Mamadou Hawa Gassama pourrait bien servir d’outil stratégique pour raviver les critiques contre le régime malien de transition et légitimer de nouvelles pressions internationales. En pointant du doigt les membres de la transition malienne, la Côte d’Ivoire alimente un discours selon lequel Bamako serait instable, provocateur et peu respectueux des principes démocratiques. Or, cette vision unilatérale évite soigneusement de rappeler le rôle de la Cédéao, et donc d’Abidjan, dans les sanctions économiques imposées au peuple malien en 2022, à un moment où le pays cherchait sa voie dans une période difficile.

Ce genre de manœuvre n’est pas sans rappeler certaines pratiques observées ailleurs en Afrique de l’Ouest, où des opposants ou des voix critiques sont arrêtés à l’étranger sur la base de chefs d’accusation discutables. On pense, par exemple, à l’affaire de Guillaume Soro, exilé en France et poursuivi en Côte d’Ivoire, ou encore à la traque de figures de l’opposition nigérienne en territoire étranger. La justice devient alors un bras armé de l’exécutif, au service de règlements de comptes politiques.

L’affaire Mamadou Hawa Gassama n’est pas un fait divers anodin. Elle s’inscrit dans une stratégie d’isolement politique du Mali et d’humiliation de ses représentants. L’attitude des autorités ivoiriennes, mêlant silence officiel, justice sélective et communication biaisée, révèle une volonté d’alimenter les tensions diplomatiques à des fins de positionnement régional. Il faut dénoncer cette instrumentalisation de la justice pour ce qu’elle est : une attaque politique déguisée, dangereuse pour la stabilité sous-régionale. Le grand public et les observateurs internationaux doivent refuser d’être dupes d’une telle mise en scène.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Claude Diarra.
Mis en ligne : 17/07/2025

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2 commentaires
Diop
mom tmt louci yonam si deukou diambour
Le 2025-07-17 17:14:22
maréme
on a assez de problème au Sénégal
Le 2025-07-17 16:12:38

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Diop
mom tmt louci yonam si deukou diambour
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maréme
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