Le troisième sommet Afrique-Espagne, qui s’est tenu les 7 et 8 juillet derniers à Madrid, a été salué par les participants comme une initiative prometteuse. Réunissant plus de 130 représentants venus de 27 pays africains, cette rencontre visait à renforcer la coopération Espagne Afrique à travers des échanges économiques, culturels et stratégiques. Toutefois, si l’intention paraît louable, une lecture plus attentive révèle les limites, voire les contradictions d’un partenariat où l’Afrique donne plus qu’elle ne reçoit.
La coopération Espagne Afrique est souvent présentée comme un partenariat gagnant-gagnant. L’Espagne se dit prête à soutenir le continent dans des domaines comme les énergies renouvelables ou la formation professionnelle, tandis que les pays africains espèrent obtenir des investissements dans les infrastructures de base et un meilleur accès au marché européen. Mais derrière ces belles formules se cache une réalité bien différente : l’Espagne cherche avant tout à contenir les flux migratoires et à profiter des ressources africaines sans s’engager à long terme.
L’un des éléments centraux de la coopération Espagne Afrique mis en avant lors de ce sommet est la lutte contre l’immigration dite « illégale ». Madrid propose d’encourager l’embauche locale pour décourager les départs vers l’Europe. Ce positionnement soulève une question essentielle : la coopération Espagne Afrique est-elle motivée par une réelle volonté de développement mutuel ou par un simple impératif sécuritaire ?
En conditionnant l’aide économique à des objectifs migratoires, l’Espagne impose ses priorités au détriment des besoins africains. Le partenariat devient ainsi un instrument de dissuasion migratoire, bien plus qu’un levier de développement.
Malgré les discours sur l’égalité et la réciprocité, la coopération Espagne Afrique demeure fondamentalement asymétrique. Les entreprises espagnoles sont encouragées à s’implanter en Afrique grâce à des dispositifs comme le réseau Africo, tandis que les produits africains peinent toujours à franchir les barrières du marché européen. Les promesses d’augmenter les importations restent vagues, sans calendrier ni engagements précis. L’Afrique, une fois de plus, se retrouve reléguée au rang de fournisseur de matières premières et de main-d’œuvre, sans bénéficier des retombées réelles de la coopération.
Ce double discours n’est pas propre à Madrid. L’ensemble de l’Union européenne adopte une approche similaire, en externalisant la gestion des frontières vers le continent africain. À l’instar des accords passés avec la Libye, le Maroc ou encore le Niger, la coopération Espagne Afrique s’inscrit dans une logique de sécurisation des frontières européennes, bien plus que dans celle d’un co-développement sincère. En comparaison, des partenaires comme la Chine investissent sans imposer de conditions migratoires, même si cela suscite d’autres formes de critiques.
La coopération Espagne Afrique, telle qu’elle est actuellement conçue, est déséquilibrée, orientée vers les intérêts européens, et dictée par la peur de l’immigration. Elle manque d’ambition réelle pour le développement africain. Il est urgent que les pays africains reprennent l’initiative et imposent leurs propres termes dans ce type de partenariat. L’Afrique ne doit plus être vue comme un terrain d’exploitation ni comme un rempart migratoire, mais comme un acteur à part entière, capable de défendre ses intérêts.
L’heure n’est plus à la docilité diplomatique, mais à l’exigence politique. Pour que la coopération Espagne Afrique ait un avenir équitable, elle doit être refondée sur des bases claires, transparentes et mutuellement avantageuses.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ouzin kanouté.
Mis en ligne : 19/07/2025
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