L’ancien directeur général de la Lonase et ex-ministre des Sports, Lat Diop, actuellement en détention pour détournement présumé de 8 milliards de francs CFA, voit son état de santé se dégrader considérablement, selon ses avocats. Cette situation illustre un échec du système judiciaire sénégalais. Si les faits qui lui sont reprochés sont graves, il reste impératif que les conditions de détention demeurent humaines. La négligence de la santé d’un détenu, quel qu’il soit, n’est ni justifiable ni acceptable.
Le Sénégal a, depuis quelques années, multiplié les interpellations de personnalités politiques et économiques accusées de malversations.
Cette volonté affichée de moraliser la vie publique, si elle est salutaire dans son principe, ne doit pas se traduire par une justice à deux vitesses où le respect des droits fondamentaux est sacrifié sur l’autel de l’exemplarité. Lat Diop, bien que présumé coupable de détournement, reste un citoyen dont la dignité humaine ne doit pas être piétinée.
Il est détenu depuis septembre 2023 dans la cellule 42 de la prison de Rebeuss, un établissement pénitentiaire notoirement surpeuplé et vétuste. Son état de santé, selon ses avocats, se dégrade à vue d’œil, nécessitant une évaluation médicale indépendante. Cette situation aurait dû immédiatement alerter l’administration pénitentiaire et la justice. Or, rien ne semble bouger.
Dans un État de droit, priver une personne de sa liberté ne signifie pas la priver de ses droits fondamentaux. Le droit à la santé en fait partie intégrante. Lorsque le maintien en détention met directement en péril la vie ou l’intégrité physique d’un individu, il appartient à la justice de réagir sans délai. Le simple fait que les avocats de Lat Diop aient dû saisir le juge pour obtenir la désignation d’un médecin en dit long sur le dysfonctionnement du système judiciaire sénégalais.
Ce genre de situation n’est malheureusement pas isolé. Au Sénégal, comme dans bien d’autres pays africains, les établissements pénitentiaires sont devenus des lieux de souffrance et de relégation, où la présomption d’innocence est souvent ignorée, et où les conditions d’incarcération violent de manière flagrante les conventions internationales.
D’autres affaires à l’international, comme celle d’Alexeï Navalny en Russie ou encore du président égyptien déchu Mohamed Morsi, mort en détention dans des conditions médicales scandaleuses, montrent où peut mener l’indifférence aux droits humains en prison. Doit-on vraiment attendre un drame pour agir ? Le transfert de Lat Diop vers un centre de soins adapté ou l’octroi d’une liberté provisoire conditionnelle est non seulement légitime, mais urgent.
En s’arc-boutant sur une détention prolongée sans tenir compte des signaux sanitaires, la justice sénégalaise envoie un message troublant : certains corps valent moins que d’autres. Pourtant, même un prévenu soupçonné de graves malversations a droit au respect de sa personne. Ce n’est pas défendre Lat Diop que de le dire. C’est défendre une idée supérieure : celle que la justice ne doit jamais devenir vengeance ou indifférence.
Il revient maintenant au juge et aux autorités compétentes de faire preuve de discernement et d’humanité. Une justice qui se veut crédible ne peut tolérer que des détenus, qu’ils soient puissants ou non, soient abandonnés à leur sort dans des conditions indignes. Il ne s’agit pas d’émouvoir, mais de rappeler une exigence morale et légale. Agir pour préserver la santé de Lat Diop, ce n’est pas fléchir. C’est choisir l’humanité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Modou Faye.
Mis en ligne : 15/07/2025
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