Le Sénat américain a récemment voté un projet de loi soutenu par Donald Trump, prévoyant une taxe de 3,5% sur tous les transferts d’argent effectués depuis les États-Unis par des personnes n’ayant pas la nationalité américaine. L’objectif affiché est clair : financer la sécurisation des frontières et dissuader l’immigration. Ce choix législatif n’est pas anodin. Derrière la façade budgétaire, se cache une mesure profondément discriminatoire, visant spécifiquement les immigrants et fragilisant encore davantage les économies du Sud, notamment africaines.
Les transferts d’argent envoyés par les diasporas constituent une ressource vitale pour de nombreux pays du Sud. En 2024, la Banque mondiale estimait que les États-Unis représentaient la principale source d’envois vers l’Afrique subsaharienne, avec 10 milliards de dollars sur un total de 56 milliards. Pour des pays comme le Nigeria, le Liberia ou encore le Sénégal, ces fonds soutiennent des millions de familles, financent la santé, l’éducation et des projets de développement locaux.
En ciblant uniquement les non-citoyens, cette mesure installe une discrimination systémique. Les citoyens américains sont épargnés, tandis que les immigrants, souvent issus de milieux modestes, sont pénalisés financièrement pour aider leurs familles. Le fait même de conditionner la taxe à la nationalité révèle l’intention politique : rendre la vie plus difficile aux migrants, les pousser vers la sortie ou les décourager de venir.
Plus encore, en affirmant vouloir utiliser les recettes de cette taxe pour renforcer la sécurité aux frontières, le gouvernement américain transforme une contribution solidaire en outil de stigmatisation. Les transferts d’argent ne sont pas un luxe, mais un acte de survie pour des millions de familles dans les pays du Sud.
Cette taxe renforce les stéréotypes négatifs sur les immigrants, déjà perçus par une frange de l’opinion comme un « fardeau » économique ou une menace sécuritaire. Elle alimente la xénophobie ambiante aux États-Unis, validant l’idée que les étrangers doivent payer leur « dette » envers un pays qui les accueille.
Cette mesure risque d’avoir un effet contraire à celui recherché. En alourdissant les frais, elle poussera inévitablement de nombreux usagers vers des canaux informels, échappant à tout contrôle et favorisant le développement de circuits illégaux ou de cryptomonnaies non régulées. Les États-Unis s’exposent ainsi à une explosion de la fraude et du blanchiment.
Enfin, elle porte un coup sévère aux pays du Sud. Ce n’est pas seulement l’Afrique qui est visée : l’Inde, les Philippines, le Mexique, tous très dépendants des envois de fonds, verront leur économie fragilisée. On parle ici de milliards de dollars vitaux, amputés par une politique de rejet.
Dans d’autres régions du monde, notamment en Europe, les transferts d’argent ne sont pas soumis à une taxe fondée sur la citoyenneté de l’expéditeur. Même des pays ayant des politiques migratoires strictes, comme la France ou l’Allemagne, n’ont pas franchi ce seuil d’injustice. Cela montre à quel point la mesure américaine est isolée, arbitraire et profondément injuste.
La taxe sur les transferts d’argent mise en place par l’administration Trump constitue une attaque directe contre les immigrants. Elle repose sur une logique punitive, discriminatoire et dangereusement populiste. Non seulement elle menace des millions de familles à travers le monde, mais elle participe à la montée d’un climat de rejet, de peur et de division.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Aziz Faye.
Mis en ligne : 20/07/2025
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