L’entrée en vigueur de l’accord de paix signé le 19 avril à Ndjamena entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés UPC et 3R marque un tournant dans le processus de réconciliation nationale. Le désarmement progressif de ces groupes et la réintégration des ex-combattants dans la vie civile sont, en surface, des signes encourageants. Pourtant, la décision du gouvernement de nommer des ex-rebelles à des postes de ministres conseillers laisse perplexe.
Ce choix, bien que présenté comme un geste d’apaisement, est à notre sens une récompense inacceptable à ceux qui ont plongé la Centrafrique dans le chaos.
Depuis plus d’une décennie, la Centrafrique est rongée par les conflits armés opposant des groupes rebelles aux autorités centrales. Les groupes UPC (Unité pour la paix en Centrafrique) et 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation) ont été parmi les plus actifs dans les violences ayant touché le pays, responsables de nombreux crimes contre les civils, de pillages et d’atteintes graves aux droits humains. Dans ce contexte, l’accord signé à Ndjamena, appuyé par la Minusca et facilité par le Tchad, s’inscrit dans une volonté de stabilisation. Mais à quel prix ?
La dissolution officielle des deux groupes et le lancement des opérations de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) à Maloum sont des étapes nécessaires. Cependant, l’intégration politique immédiate d’anciens chefs rebelles, sans véritable justice ni reconnaissance des souffrances infligées à la population, remet en question la sincérité du processus.
La nomination de deux représentants de l’UPC et des 3R comme ministres conseillers dans les départements de l’Élevage et du Commerce, ainsi que d’autres dans le suivi des accords de Ndjamena et de la feuille de route de Luanda, envoie un signal dangereux. Cela suggère que la violence est un moyen légitime pour accéder au pouvoir et aux privilèges.
La stratégie de cooptation des groupes armés dans des gouvernements n’est pas nouvelle en Afrique. Au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo, ou encore au Mali, ces tentatives ont souvent débouché sur une paix illusoire, fragilisée par l’impunité et les rivalités internes. Ces précédents montrent que sans justice, sans réparation, la paix reste précaire.
De plus, cette politique crée un dangereux précédent : d’autres groupes armés encore actifs ou en gestation pourraient se sentir incités à suivre le même chemin. Le message est clair : prenez les armes, imposez votre force, et vous finirez au gouvernement.
La réintégration des ex-rebelles est une étape essentielle, mais elle doit être fondée sur la vérité, la justice et la reconnaissance des victimes. Récompenser ceux qui ont mis à feu et à sang des régions entières sans qu’ils aient à répondre de leurs actes est une trahison pour les milliers de victimes et pour les citoyens qui croient en l’État de droit.
La paix ne se construit pas uniquement avec des signatures. Elle se bâtit dans la justice, l’inclusivité, et la reconnaissance des souffrances. Le gouvernement centrafricain, en offrant des postes à d’ex-rebelles, donne l’impression de troquer la paix contre des concessions politiques inacceptables. Une telle approche compromet l’avenir de la Centrafrique. Il faut que la communauté nationale et internationale exige une paix véritable, fondée sur la responsabilité et non sur l’opportunisme politique.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Françoise.
Mis en ligne : 21/07/2025
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