Ce 18 juillet 2025, la France a officiellement remis au Sénégal sa dernière base militaire encore en activité sur le territoire national. Un acte que le gouvernement sénégalais présente comme une victoire historique, un symbole éclatant de souveraineté retrouvée.
Pourtant, au-delà des apparences soigneusement mises en scène, cette annonce soulève une question essentielle : quelle souveraineté peut-on réellement revendiquer quand notre économie reste largement entre les mains d’intérêts étrangers ? Ce geste spectaculaire ne saurait masquer les chaînes invisibles, mais ô combien solides, de la domination économique.
Depuis l’alternance politique de 2024, les autorités sénégalaises affichent un discours volontariste en matière de souveraineté. Cette remise de base militaire s’inscrit dans une volonté de rompre avec les vestiges de la Françafrique et de refonder une coopération plus équilibrée avec Paris. Officiellement, il s’agit d’un repositionnement stratégique visant à construire une défense nationale plus autonome et compétente. Mais pendant que l’on célèbre le départ des militaires, les vraies bases du pouvoir économiques et financières restent bien en place, solidement ancrées.
Le récit officiel fait la part belle à une prétendue « réappropriation de l’espace stratégique national ». Il oublie cependant de mentionner que la majorité des secteurs clés de l’économie sénégalaise restent contrôlés par des multinationales françaises : Orange pour les télécoms, Total pour l’énergie, Auchan pour la grande distribution, sans oublier les banques, les assurances et les entreprises du BTP. Autrement dit, on rend un bâtiment militaire, mais on continue de laisser les caisses de l’économie nationale entre les mains d’intérêts étrangers. La souveraineté ne peut être réelle tant que la richesse produite au Sénégal continue de fuir vers Paris.
Contrôle des infrastructures clés, les secteurs stratégiques comme l’énergie, les télécommunications ou la grande distribution sont dominés par des groupes français, qui rapatrient leurs profits. Cela limite la marge de manœuvre de l’État sénégalais en matière de politique économique.
Dépendance technologique et financière, l’État sénégalais s’endette sur les marchés internationaux pour financer son développement, sous le regard du FMI et de la Banque mondiale. Cette dépendance limite fortement la capacité de décision souveraine.
Emplois précaires et économie extravertie, les multinationales étrangères créent des emplois, certes, mais souvent précaires, mal rémunérés et sans réelle valeur ajoutée locale. Pire, elles tuent les petites entreprises locales.
Le Mali, le Burkina Faso et même le Niger ont récemment adopté une ligne de rupture plus assumée. Bien qu’imparfaites et controversées, leurs décisions d’expulser l’armée française ont été accompagnées d’efforts pour nationaliser certains pans de leur économie. Le Sénégal, lui, se contente du symbole militaire, sans toucher aux intérêts économiques français. La rupture reste donc incomplète, voire illusoire.
Rendre une base militaire ne suffit pas à affirmer une souveraineté véritable. C’est un acte certes symbolique, mais largement insuffisant tant que les véritables leviers du pouvoir économiques, financiers et technologiques échappent toujours au contrôle de l’État sénégalais. La souveraineté ne se décrète pas en costume devant les caméras ; elle se construit en rompant concrètement avec les logiques de dépendance. La France nous a rendu un bout de terrain. Mais à quand la restitution de notre économie ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 21/07/2025
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