Le 14 juillet dernier, une réunion à huis clos s’est tenue au Palais présidentiel entre le président Bassirou Diomaye Faye, son Premier ministre Ousmane Sonko, et plusieurs hauts responsables de l’État, selon les révélations du député-maire Ahmed Aïdara. Cette rencontre aurait eu pour but de dissiper les tensions visibles entre les deux têtes de l’exécutif, après des propos critiques d’Ousmane Sonko pointant un manque d’autorité dans la gestion des affaires de l’État. À l’issue de cet échange, le président aurait donné des assurances et accepté l’idée d’un remaniement ministériel incluant deux nouveaux alliés.
Si cette initiative semble traduire une volonté d’apaisement, elle soulève cependant une inquiétude majeure : celle d’une réponse superficielle à des problèmes enracinés.
Depuis leur accession au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko sont observés avec une attention particulière. Leur alliance atypique, forgée dans les épreuves de l’opposition, peine à se traduire en une gouvernance cohérente et efficace. Les divergences publiques, comme celle récemment exprimée par Sonko, révèlent des tensions internes qui interrogent sur la solidité de leur vision commune pour le pays.
Ce contexte rend la décision d’un remaniement d’autant plus problématique. Peut-on vraiment espérer résoudre des différends politiques profonds par un simple changement d’équipe ? L’histoire politique sénégalaise et africaine nous enseigne que le remaniement ministériel est souvent utilisé comme pansement sur des plaies mal soignées.
Remplacer quelques ministres ne suffira pas à réformer un appareil étatique en panne. Les lenteurs administratives, l’inefficacité des politiques publiques, les tensions institutionnelles et le manque de transparence dans la prise de décision sont des maux structurels. Ils appellent des réformes institutionnelles profondes, pas des ajustements cosmétiques.
À titre de comparaison, des pays comme la Tunisie post-révolution ont connu une succession de remaniements qui, sans réformes de fond, n’ont fait qu’aggraver l’instabilité. Au Sénégal, cette méthode a été utilisée à maintes reprises sous les régimes précédents, sans résultats tangibles sur le terrain. Le peuple sénégalais attend aujourd’hui un changement réel, pas une répétition des pratiques politiciennes du passé.
Ce qui s’impose, ce n’est pas un remaniement ministériel, mais une refonte. Réforme de la fonction publique, renforcement de l’indépendance de la justice, décentralisation effective, lutte systémique contre la corruption : voilà les priorités d’un gouvernement qui veut rompre avec les anciens systèmes. Or, le silence sur ces sujets tranche avec le bruit politique autour du partage des postes.
Le président Diomaye Faye a été élu sur une promesse de rupture et de gouvernance vertueuse. Ce type de manœuvre politicienne, s’il se confirme, risque de saper la crédibilité de ce projet.
La réunion du 14 juillet et le projet de remaniement ministériel donnent l’illusion d’une résolution de crise. Mais en réalité, ils détournent l’attention du vrai chantier : la réforme en profondeur de l’État sénégalais. Changer quelques visages ne changera rien si l’architecture reste la même. Le temps est venu de dépasser les arrangements politiques et de s’attaquer aux racines des dysfonctionnements de notre gouvernance.
À ceux qui nous gouvernent : nous n’attendons pas des jeux de chaises musicales, mais une vraie refondation.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Marième Fofana.
Mis en ligne : 22/07/2025
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