Diomaye Faye n’a pas droit à l’erreur : Affaire Mansour Faye - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 23/07/2025 12:07:00

Diomaye Faye n’a pas droit à l’erreur : Affaire Mansour Faye

Au Sénégal, l’arrestation de Mansour Faye, ancien ministre et beau-frère de Macky Sall, n’est pas un simple fait divers politique. Elle incarne les dérives d’un système où le pouvoir s’est confondu avec les liens familiaux. Placé sous mandat de dépôt pour des faits graves allant de la concussion au blanchiment de capitaux, Mansour Faye symbolise aujourd’hui les ravages du népotisme institutionnalisé.

Le président Bassirou Diomaye Faye doit tirer toutes les leçons de cette dérive et rompre avec ces pratiques qui ont gangrené notre démocratie.

Mansour Faye, en plus d’avoir occupé plusieurs postes ministériels, est maire de Saint-Louis et, surtout, le beau-frère de l’ancien président Macky Sall. Cette proximité familiale ne doit pas masquer une vérité : c’est cette relation qui a favorisé sa fulgurante ascension politique, bien au-delà de ses compétences supposées. Le fait que ce même homme soit aujourd’hui mis en cause dans une affaire de détournement présumé de milliards de francs CFA issus du Fonds Covid-19 est une gifle aux principes de redevabilité et d’éthique publique.

Le cas Mansour Faye n’est pas isolé. Il s’inscrit dans un contexte où plusieurs ex-ministres de Macky Sall sont poursuivis pour leur gestion opaque des deniers publics. De la surfacturation de riz (2,7 milliards) à des marchés attribués à des agences de voyages sans expérience pour des fournitures médicales (15 milliards), les révélations de la Cour des comptes sont accablantes. Or, ce n’est pas un hasard si ces acteurs politiques étaient tous, à un moment donné, proches du cercle présidentiel. Le pouvoir s’était transformé en propriété familiale et clientéliste, au mépris de l’intérêt général.

Ce n’est pas la première fois que le Sénégal assiste à une tentative de « dynastisation » du pouvoir. Souvenons-nous du cas de Karim Wade, fils de l’ex-président Abdoulaye Wade, propulsé à des postes ministériels stratégiques, puis condamné pour enrichissement illicite. L’histoire se répète, et chaque fois au détriment de la confiance citoyenne dans les institutions. Le pouvoir ne devrait jamais servir à récompenser les liens du sang. Il doit être exercé au nom du peuple et pour le peuple.

Le nouveau président Diomaye Faye bénéficie encore d’un capital de confiance populaire. Mais cette confiance ne sera maintenue que s’il résiste à la tentation de reproduire les erreurs de ses prédécesseurs. Il ne suffit pas de prôner la rupture, il faut l’incarner. Cela commence par éviter toute nomination de membres de sa propre famille à des postes de responsabilité. Car même en l’absence de faute, le soupçon suffit à miner la légitimité d’un régime.

Dans plusieurs pays africains, du Togo au Gabon, en passant par la RDC, la confusion entre autorité publique et dynastie familiale a alimenté corruption, instabilité et révoltes populaires. Le Sénégal ne doit pas emboîter le pas à ces États où l’héritage familial prévaut sur la compétence.

L’affaire Mansour Faye est un symbole, une alerte rouge. Elle montre où mène le népotisme : à la faillite morale, à la mauvaise gestion, au désastre. Diomaye Faye n’a pas droit à l’erreur. Il doit prendre conscience que les Sénégalais n’aspirent pas à un changement de visage, mais à une refondation de l’État. Cela implique de bannir définitivement l’idée que le pouvoir peut être un patrimoine familial. Parce qu’un pays ne se gouverne pas comme une famille.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Amina Diallo.
Mis en ligne : 23/07/2025

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