Je m’appelle Aïssatou (prénom modifié). Je vis à Dakar et je suis mariée depuis bientôt trois ans. Comme beaucoup de femmes dans notre société, j’ai cru au rêve du mariage heureux, à la patience qui finit toujours par être récompensée, et à la parole rassurante de ma mère : « supporte, c’est ça le mariage ». Mais aujourd’hui, je suis brisée.
Tout a commencé après un an de mariage. Malgré nos tentatives, je n’arrivais pas à concevoir. J’ai consulté, j’ai prié, j’ai espéré. Mon mari, au début, me soutenait. Il me disait que Dieu donnerait quand Il voudrait. J’y ai cru. Mais avec le temps, il est devenu distant, colérique, froid. Je pensais que c’était le stress du travail ou une phase passagère. Je n’imaginais pas que le mal était déjà à la maison.
La ménagère, c’est moi qui l’ai fait venir du village. Une jeune fille simple, timide, que j’ai accueillie comme une petite sœur. Elle faisait bien son travail, et je lui faisais confiance. Jusqu’au jour où j’ai remarqué des regards étranges, des silences gênés, des sorties nocturnes de mon mari sous prétexte de réunions imprévues. Un soir, j’ai surpris une conversation au téléphone : c’était lui qui lui promettait de prendre soin d’elle et de l’enfant qu’elle portait. L’enfant. Le choc m’a fait trembler de tout mon corps.
Trois mois plus tard, la vérité est confirmée. Elle est enceinte. Et c’est de lui. Depuis, il ne se cache plus. Il dort avec elle. Elle reste dans notre chambre. Moi, je suis reléguée dans le petit salon. Je fais la cuisine, le ménage, je sers… Comme si j’étais l’intruse. Comme si je n’étais plus l’épouse.
Quand j’en ai parlé à ma mère, pensant trouver en elle du réconfort, elle m’a simplement dit : « C’est ça le mariage, ma fille. Il faut supporter. Peut-être qu’après, Dieu te donnera ton propre enfant. » Comment supporter l’insupportable ? Comment accepter l’humiliation, la trahison, le rejet ?
Je ne suis pas ici pour accuser ou chercher la pitié. Mais je veux parler, parce que je sais que je ne suis pas la seule. Trop de femmes au Sénégal vivent dans le silence. On leur demande d’être fortes, patientes, de prier, de fermer les yeux. Mais à quel prix ?
Aujourd’hui, je me sens perdue. Mon cœur saigne. Mon estime de moi est en lambeaux. Je n’ai pas encore décidé si je dois partir ou rester. Mais ce que je sais, c’est que supporter ne doit pas rimer avec se détruire. J’écris ici pour que d’autres sachent : ce que vous ressentez est légitime. Et vous avez le droit de dire non à la souffrance imposée au nom du mariage.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 23/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





