La situation économique du Sénégal est alarmante, avec une dette publique estimée à 118 % du PIB à la fin 2024. Cette situation serait en grande partie héritée de l’ancien régime de Macky Sall, marqué par des pratiques opaques et des dettes non déclarées. Si ce constat est indéniable, il devient impératif de dépasser ce discours justificatif. Une fois au pouvoir, le temps de la dénonciation laisse place à celui de l’action.
Lorsque Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko ont été élus, ils l’ont été sur la promesse d’un changement radical, d’une rupture assumée avec le système antérieur. Le peuple sénégalais leur a accordé sa confiance précisément pour qu’ils assainissent les finances publiques, réforment l’État et apportent plus de transparence. La mauvaise gestion de Macky Sall est bien connue : endettement effréné, favoritisme, opacité budgétaire… Mais continuer à dénoncer sans agir concrètement risque de lasser une population déjà éprouvée par la cherté de la vie et le chômage endémique.
Les « dettes cachées » et la suspension du programme avec le FMI ont fragilisé la réputation financière du pays. La révision de l’année de base du PIB est un pas technique et symbolique dans la bonne direction. Mais à quoi bon redéfinir les indicateurs si les décisions économiques prises en parallèle manquent de clarté et de vision ? On observe aujourd’hui un manque d’initiatives fortes pour rassurer les marchés, attirer les investisseurs et relancer durablement la croissance.
L’excuse permanente de l’héritage devient contre-productive. À chaque difficulté, le réflexe du nouveau pouvoir est de pointer Macky Sall. C’est compréhensible dans un premier temps, mais insuffisant pour inspirer confiance sur le long terme.
Les populations attendent des résultats. Elles n’élisent pas des dirigeants pour commenter le passé, mais pour améliorer leur quotidien. Or, la perception dominante est que les réformes économiques tardent à se concrétiser.
La gestion actuelle manque de lisibilité. Le duo Diomaye-Sonko peine à clarifier sa doctrine économique. Entre nationalisme économique, appel aux bailleurs et revendication de souveraineté, le cap reste flou.
Des pays dans des situations comparables ont agi autrement. Le Ghana, par exemple, confronté à une dette insoutenable, a pris des mesures impopulaires mais claires pour restaurer la confiance : gel de certaines dépenses, négociations ouvertes avec le FMI, plans de restructuration précis.
D’après les derniers rapports du FMI et de la Banque mondiale, le Sénégal figure désormais parmi les pays africains les plus endettés, en proportion de son PIB. Mais contrairement à d’autres pays comme la Côte d’Ivoire ou le Rwanda, qui ont adopté une communication proactive et une stratégie d’assainissement rigoureuse, le gouvernement sénégalais continue de surfer sur une rhétorique d’héritage, sans feuille de route claire et lisible.
Oui, Macky Sall a laissé une bombe à retardement. Mais gouverner, c’est aussi désamorcer cette bombe avec lucidité, courage et efficacité. L’équipe Diomaye-Sonko est désormais comptable de ses choix. Elle ne peut éternellement se défausser sur le passé. À défaut, elle risque de perdre ce qui faisait sa force : la confiance d’un peuple lassé des promesses non tenues. Le temps de l’opposition est révolu. Place à la responsabilité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 24/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
