Le 17 juillet dernier, les Togolais étaient appelés à élire 1 527 conseillers municipaux dans les 117 communes du pays. Mais, plus que les résultats électoraux, c’est l’image saisissante de bureaux de vote quasi-déserts qui a marqué les esprits. Alors que le gouvernement se félicite du bon déroulement du scrutin, les chiffres de participation révèlent une réalité autrement plus troublante. La très faible participation à ces élections municipales est un signal fort de la perte de confiance des Togolais dans leur système politique.
Cette élection, présentée comme une étape cruciale pour la démocratie locale, s’est tenue dans un climat de tension et de répression. En juin, des manifestations contre le maintien au pouvoir du président Faure Gnassingbé ont été violemment dispersées, faisant plusieurs morts. Depuis la réforme constitutionnelle controversée qui ouvre la voie à une présidence à vie déguisée, le fossé entre les dirigeants et les citoyens s’est dangereusement élargi. La peur, la lassitude et l’indifférence ont remplacé l’espoir.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. À Lomé, au cœur du pays, à peine 64 électeurs sur 435 inscrits se sont déplacés dans certains bureaux. Dans d’autres quartiers, les taux de participation frôlent à peine les 10 %. En comparaison, les élections municipales de 2019 avaient suscité davantage d’enthousiasme, bien que déjà teintées de scepticisme. Ce désintérêt croissant ne peut être ignoré : il révèle une fracture profonde entre les institutions et la population, entre les promesses officielles et les réalités vécues.
À quoi bon voter, se demandent de plus en plus de Togolais, si les résultats ne changent rien à leur quotidien ? Si les élus locaux n’ont ni les moyens ni la volonté de répondre aux besoins de base ? Si, au sommet de l’État, le pouvoir semble s’éterniser sans véritable contre-pouvoir ? Les élections ne sont plus perçues comme des leviers de changement, mais comme des rituels creux au service d’un système verrouillé.
La situation togolaise n’est pas un cas isolé. D’autres régimes en Afrique ont vu leur légitimité s’éroder face à des pratiques autoritaires masquées sous un vernis démocratique. L’Algérie, avec le boycott massif des urnes lors de plusieurs scrutins récents, ou encore le Gabon avant le coup d’État de 2023, ont montré comment le désintérêt électoral peut devenir le prélude à une crise politique plus grave.
Mais le Togo dispose encore d’une chance de redresser la barre. À condition d’écouter le silence des urnes, d’y lire le message clair d’un peuple qui demande plus de transparence, de justice sociale et de respect de la parole citoyenne.
Il ne suffit plus d’organiser des élections pour parler de démocratie. Une démocratie vivante exige la confiance, la participation volontaire, le débat, la liberté d’expression, et surtout, l’alternance. Or, après deux décennies de règne sans partage, Faure Gnassingbé ne suscite plus que résignation ou exaspération. Les appels au boycott lancés par des artistes, blogueurs et membres de la diaspora illustrent une jeunesse en rupture avec le modèle imposé.
La faible mobilisation des électeurs togolais n’est pas un simple incident électoral. C’est une protestation silencieuse, mais puissante. C’est le cri d’un peuple qui ne croit plus à la promesse d’un changement par les urnes. Si le pouvoir togolais persiste à ignorer ce désaveu, il court le risque d’un isolement croissant et, pire, d’un rejet brutal. Pour éviter une telle dérive, il faut refonder le pacte démocratique avec les citoyens, de leur rendre la parole et l’espoir.
L’alternance, l’écoute des revendications sociales, la lutte contre l’impunité et la transparence sont les seuls chemins viables vers une démocratie crédible. Il ne s’agit plus de sauver la face, mais de sauver le pays.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Jean Paul.
Mis en ligne : 24/07/2025
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