Un fait relativement banal en apparence l’exclusion d’un membre d’un groupe WhatsApp peut parfois révéler les travers profonds d’une organisation politique. Bougar Diouf, membre de la coalition « Diomaye Président », a été évincé d’un groupe interne de discussion pour avoir osé critiquer publiquement le Premier ministre Ousmane Sonko.
Cet incident, rapporté par Les Échos, met en lumière un manque préoccupant de maturité politique au sein de la coalition. Cette réaction traduit une incapacité inquiétante à gérer les désaccords internes de manière démocratique et constructive.
Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la tête de l’État, la coalition qui l’a porté au pouvoir une alliance hétéroclite d’anciens opposants, de figures de la société civile et de militants révolutionnaires cherche son équilibre. Entre personnalisation du pouvoir et exigences de gouvernance partagée, les tensions ne cessent de monter. Dans ce climat, toute voix discordante, même modérée, semble perçue comme une menace.
La sortie de Bougar Diouf n’avait rien d’une insulte ni d’une trahison. Il a simplement exprimé une opinion sur le ton jugé excessif d’Ousmane Sonko à l’endroit du président Diomaye Faye et de partenaires politiques. Qu’un tel propos, certes critique mais formulé dans le respect, entraîne une exclusion immédiate, laisse perplexe. Où est donc passée la liberté d’expression que cette même coalition disait défendre avec vigueur lorsqu’elle était dans l’opposition ?
Premièrement, une coalition politique digne de ce nom devrait être capable d’absorber les divergences internes sans sombrer dans la répression. L’éviction de Bougar Diouf révèle une conception autoritaire de la gestion du pouvoir, aux antipodes des principes démocratiques.
Deuxièmement, cette décision traduit une immaturité politique manifeste. Les grandes coalitions à travers le monde de l’Union sacrée en Afrique du Sud à la « NUPES » en France parviennent à maintenir une certaine cohésion malgré des différences parfois très marquées. Elles y arrivent par le dialogue, la négociation et la tolérance. À l’inverse, la coalition « Diomaye Président » semble incapable d’encaisser une critique interne sans réaction disproportionnée.
Troisièmement, une telle exclusion crée un dangereux précédent. Elle envoie un message clair : toute critique, même constructive, sera sanctionnée. Cette atmosphère étouffante est aux antipodes de la culture politique que le peuple sénégalais attendait du changement promis.
En observant les coalitions post-électorales en Afrique, on constate que celles qui ont duré sont celles qui ont su institutionnaliser les débats internes. Au Ghana, par exemple, les tensions entre les figures du NDC (National Democratic Congress) n’ont jamais été réglées par des exclusions, mais par des discussions franches en interne. En Afrique du Sud, l’ANC, malgré ses divisions internes, continue de fonctionner grâce à un strict respect des processus collectifs.
À l’opposé, des coalitions comme « Yewwi Askan Wi » ou l’ancienne majorité présidentielle de Macky Sall ont connu des implosions précisément parce qu’elles n’ont pas su gérer les ambitions, les frustrations ou les critiques internes. La leçon n’a manifestement pas été retenue.
L’exclusion de Bougar Diouf du groupe WhatsApp de la coalition « Diomaye Président » n’est pas un simple incident anecdotique. Elle est révélatrice d’un profond malaise dans la gestion du pouvoir et de la critique au sein de cette alliance. En démocratie, la confrontation des idées ne devrait pas être un motif de bannissement, mais une source d’enrichissement. Si la coalition veut survivre et gouverner avec légitimité, elle devra apprendre à gérer les désaccords autrement qu’en les faisant taire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 25/07/2025
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