Le préfet de Dakar, Cherif Mouhamadou Blondin Ndiaye, a interdit la marche du vendredi 18 juillet par le mouvement « Sauvons la République / Doggu Saam Sunu Réew », qui devait réclamer la démission du Premier ministre Ousmane Sonko. Cette décision, motivée par un supposé risque de perturbation de la circulation, révèle une triste vérité : malgré les promesses de rupture, le nouveau régime marche dans les pas de l’ancien.
Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye et la nomination d’Ousmane Sonko comme Premier ministre, nombreux étaient ceux qui espéraient une nouvelle ère démocratique, où la liberté d’expression et le droit de manifester seraient respectés. Ce gouvernement s’était présenté comme celui de la rupture, du respect des droits, de la transparence. Mais aujourd’hui, les actes contredisent les discours. En interdisant cette marche citoyenne, le régime actuel piétine les valeurs qu’il prétendait incarner.
L’interdiction de cette marche pacifique à Dakar est loin d’être un cas isolé. Elle s’inscrit dans une série d’atteintes aux libertés fondamentales qui rappellent dangereusement les méthodes du régime de Macky Sall. Sous couvert d’arguments sécuritaires ou logistiques, les autorités empêchent systématiquement les voix dissidentes de se faire entendre. L’excuse avancée ici, un potentiel trouble à la circulation, est non seulement faible, mais elle masque mal une volonté délibérée d’étouffer toute critique contre le pouvoir en place.
Cette Interdiction de marche à Dakar met en lumière un paradoxe : ceux qui ont été victimes de la répression hier en deviennent aujourd’hui les artisans. Comment expliquer que des hommes politiques qui ont eux-mêmes été empêchés de manifester, arrêtés ou réprimés, puissent aujourd’hui cautionner voire orchestrer les mêmes dérives ? La désillusion est profonde chez les citoyens qui ont porté au pouvoir ceux qu’ils croyaient être des symboles de changement.
Les cas de continuité autoritaire ne sont pas propres au Sénégal. On observe des dynamiques similaires en Guinée avec la junte militaire qui, après avoir renversé Alpha Condé, a rapidement montré son incapacité ou son refus à garantir les libertés publiques. Plus largement, dans de nombreux pays africains, les promesses de rupture ne sont souvent qu’un masque derrière lequel se reproduisent les logiques de pouvoir autoritaire, d’intimidation et de musellement.
Cette Interdiction de marche à Dakar est un test manqué pour la jeune administration. Au lieu d’ouvrir l’espace public, elle le referme. Au lieu d’écouter les citoyens, elle les réduit au silence. Et ce silence imposé est dangereux : il alimente la frustration, la colère, et finit par nourrir des formes de contestation plus radicales.
Nous appelons les citoyens à rester vigilants, à ne pas se laisser tromper par les slogans du changement quand les actes démontrent une autre réalité. Il faut que la société civile se mobilise, que les voix s’élèvent pour rappeler que le droit de manifester est un droit constitutionnel, non une faveur octroyée par l’État.
La rupture ne peut être proclamée ; elle doit être pratiquée. Si le nouveau pouvoir refuse d’entendre la rue, il finira, comme l’ancien, par s’y heurter.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cheikh Faye
Mis en ligne : 26/07/2025
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