Je m’appelle Aïda. J’ai 20 ans, je vis à Dakar et je suis en première année à l’université. L’année dernière, j’ai eu mon bac avec mention. J’étais fière, mes parents aussi. J’avais des rêves, une vision claire de mon avenir. Mais aujourd’hui, je suis submergée par un sentiment que je n’arrive même pas à nommer. Un mélange de peur, de honte, et surtout, de solitude.
Je suis tombée enceinte de mon copain. C’est arrivé rapidement, presque inconsciemment. Nous étions amoureux, jeunes et insouciants. Je n’avais jamais imaginé que cela pourrait m’arriver si tôt. En réalité, je n’étais pas préparée. Ni physiquement, ni moralement, ni psychologiquement. Et depuis, ma vie a basculé.
Je suis toujours inscrite à l’université, mais je n’arrive plus à suivre les cours. Mes nuits sont longues, remplies d’insomnie et de pensées sombres. Je me lève fatiguée, sans motivation. Je me sens coupable pour mes parents qui avaient tant d’espoir en moi, pour ma mère qui se bat chaque jour pour nous offrir une vie meilleure, et pour moi-même, qui me suis laissée entraîner sans réfléchir.
Je n’ai encore rien dit à mes parents. Comment leur dire que leur fille « modèle », celle qu’ils présentent fièrement comme l’espoir de la famille, est enceinte hors mariage ? Au Sénégal, ce genre de nouvelle est rarement reçu avec compréhension. La société est dure. Les regards sont lourds. On juge, on murmure, on exclut. Et je n’ai pas la force d’affronter cela.
Je ne suis ni irresponsable ni inconsciente. J’ai simplement été une jeune fille amoureuse, naïve peut-être, mais humaine. Je n’attends pas qu’on m’excuse, mais j’ai besoin d’être entendue, sans être condamnée.
Il y a des jours où je me dis que je dois avorter. Et d’autres où je ressens une étrange tendresse pour ce petit être en moi, innocent, qui n’a rien demandé. Ce dilemme me ronge. Je me sens seule, incapable de prendre une décision. Je ne veux pas fuir mes responsabilités, mais je veux aussi vivre, apprendre, évoluer.
Ce que je ressens, beaucoup d’autres filles de mon âge le vivent en silence. On parle peu de sexualité dans nos familles. L’éducation affective est quasiment absente. On attend de nous que l’on « sache », que l’on « évite », sans jamais nous expliquer comment.
Aujourd’hui, je ne demande pas de solutions toutes faites. Je veux juste que quelqu’un m’écoute, sans me juger. J’aimerais que les mentalités changent, qu’on comprenne qu’une erreur ne définit pas une vie. Je ne suis pas perdue pour toujours. Je suis juste une jeune femme qui traverse un moment difficile et qui cherche un peu de lumière.
Nom d’emprunt utilisé pour préserver l’anonymat de la personne.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 27/07/2025
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