Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment réaffirmé, lors d’une conférence de presse, sa disponibilité à servir de médiateur dans la crise malienne, tout en exprimant un rejet ferme de la présence de mercenaires étrangers, notamment le groupe Wagner, à ses frontières.
Cependant, face à un Mali transformé, durci et défiant, cette main tendue semble vaine. Le Mali d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier, et l’attitude actuelle de Bamako rend toute médiation extérieure, y compris algérienne, illusoire.
Depuis la signature des accords d’Alger en 2015, l’Algérie a joué un rôle diplomatique central dans la gestion de la crise sécuritaire au nord du Mali. Pourtant, depuis la prise de pouvoir par la junte militaire en 2021, les relations se sont fortement détériorées. Le régime de Bamako a dénoncé ces accords, refusé toute médiation étrangère et consolidé son partenariat sécuritaire avec la Russie, notamment à travers la présence des paramilitaires de Wagner, rebaptisés Africa Corps.
L’offre de médiation algérienne arrive dans un contexte où le Mali rejette de plus en plus les cadres multilatéraux et les partenaires traditionnels. Le régime de transition préfère aujourd’hui les rapports de force aux négociations inclusives. En outre, l’hostilité affichée par Bamako à l’égard d’Alger, accusée d’abriter des « terroristes », témoigne d’une rupture de confiance manifeste. Dès lors, proposer une médiation dans un climat de suspicion et de méfiance relève plus de l’affichage diplomatique que d’une initiative réaliste.
Rejet explicite des accords d’Alger : La dénonciation des accords d’Alger, fruit de longues négociations facilitées par Alger, est un désaveu cinglant de la médiation algérienne. Cela suffit à démontrer que Bamako ne souhaite plus s’inscrire dans cette dynamique.
Accusations graves et non diplomatiques : Qualifier l’Algérie d’hébergeur de « terroristes » constitue une attaque directe. Cela rend toute tentative de rapprochement diplomatique extrêmement délicate, voire contre-productive.
Changement d’orientation stratégique du Mali : En optant pour une coopération militaire étroite avec la Russie et en s’éloignant des partenaires traditionnels africains et occidentaux, le Mali montre qu’il veut contrôler seul son destin, quitte à rompre des alliances historiques.
L’impunité accordée aux rebelles réfugiés en Algérie : Le refus de l’Algérie d’extrader les rebelles du FLN d’Azawad est perçu par Bamako comme un soutien indirect à des ennemis du régime. Cela envenime davantage les relations bilatérales.
À titre de comparaison, le rôle du Rwanda dans les médiations en Afrique centrale illustre une approche proactive, fondée sur une coopération bilatérale solide. Or, à l’inverse, Alger est confrontée à un Mali replié, défiant, et désormais tourné vers d’autres puissances comme Moscou.
La réalité malienne actuelle ne permet plus de compter sur les mécanismes traditionnels de médiation, aussi bienveillants soient-ils. En rejetant les accords d’Alger, en s’alliant à des forces étrangères controversées, et en accusant un voisin de complaisance envers des rebelles, Bamako s’inscrit dans une logique de rupture.
L’Algérie ferait mieux de tirer les leçons de cette évolution et de repenser sa stratégie diplomatique. Le Mali n’est plus comme avant et vouloir y jouer un rôle de médiateur sans reconnaissance officielle est, à ce stade, une perte de temps.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Sakho.
Mis en ligne : 27/07/2025
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