La récente convocation en justice de Mbaye Ndiaye, ancien ministre de l’Intérieur et ex-ministre d’État sous le régime de Macky Sall, a suscité une vive réaction au sein de l’Alliance pour la République (APR). Qualifiant cette procédure de « tentative d’humiliation politique », les responsables locaux dénoncent une démarche injuste et malvenue, qui s’inscrit dans un climat de chasse aux sorcières contre les anciens dignitaires du régime passé. L’affaire Mbaye Ndiaye soulève une question fondamentale : comment un État peut-il se montrer aussi ingrat envers ceux qui ont consacré des décennies au service de la nation ?
Mbaye Ndiaye est accusé par la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (SOGEPA) d’avoir détérioré un logement administratif qu’il occupait depuis plus de dix ans, avec un préjudice estimé à plus de 50 millions de FCFA. Pourtant, il est rapporté que cet ancien ministre aurait investi à ses frais plus de 200 millions de FCFA pour rénover et agrandir cette demeure, la transformant en un lieu fonctionnel et confortable. Face à ce paradoxe apparent, la coordination locale de l’APR s’insurge contre ce qu’elle perçoit comme une procédure judiciaire inappropriée, qui aurait pu être réglée à l’amiable.
Au-delà de cette simple affaire, c’est un climat politique plus large qui se dessine, marqué par une justice à double vitesse. Alors que des actions controversées de personnalités en place sont tolérées, les anciens collaborateurs fidèles au régime précédent semblent devenus des cibles. La solidarité affichée envers d’autres figures comme Farba Ngom, Mansour Faye ou Sophie Gladima souligne un véritable pattern de persécution judiciaire.
Il est indéniable que Mbaye Ndiaye et d’autres anciens ministres ont servi l’État sénégalais avec loyauté et dévouement pendant de nombreuses années. Leur expérience et leur engagement ont contribué à la stabilité et au développement du pays dans des périodes parfois tumultueuses. Pourtant, plutôt que d’être honorés ou respectés pour ce parcours, ces hommes et femmes font aujourd’hui face à des procédures judiciaires qui semblent plus motivées par des enjeux politiques que par la justice.
Ce phénomène n’est malheureusement pas isolé au Sénégal. Dans plusieurs pays, le changement de pouvoir s’accompagne trop souvent d’une mise à l’écart ou d’une répression des anciens dirigeants, parfois justifiée par la recherche de la justice, mais fréquemment teintée d’arrière-pensées politiques. Le cas sénégalais rappelle ainsi des épisodes en Afrique et ailleurs où les transitions démocratiques se muent en règlements de comptes, à l’image de la situation en Côte d’Ivoire ou en Tunisie post-révolution.
Il ne s’agit pas ici de mettre en cause la nécessité d’une justice impartiale ni d’exempter quiconque de ses responsabilités légales. Cependant, le traitement réservé à Mbaye Ndiaye paraît disproportionné et mal placé face aux efforts consentis pour entretenir un patrimoine national. Plutôt que de donner l’impression d’une chasse aux anciens alliés politiques, les autorités gagneraient à privilégier la réconciliation et la reconnaissance des services rendus.
Face à la montée du chômage, à la crise du pouvoir d’achat et à l’aggravation de la pauvreté, la politique sénégalaise doit recentrer ses priorités sur les véritables urgences. La persécution de ceux qui ont consacré leur vie à l’État ne fait que nourrir les divisions et détourner l’attention des enjeux cruciaux pour le pays.
L’affaire Mbaye Ndiaye illustre une triste réalité : l’ingratitude de l’État envers ses anciens serviteurs, qui, après des années de dévouement, se retrouvent aujourd’hui victimes d’une justice apparemment instrumentalisée. Cette situation est non seulement injuste mais contre-productive pour l’unité nationale et la stabilité politique. Il faut que le Sénégal refuse cette logique de persécution et instaure une culture de respect et de reconnaissance envers ceux qui ont œuvré loyalement pour la nation. Seule une telle approche peut garantir une véritable cohésion sociale et une gouvernance apaisée, indispensables au développement durable du pays.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Adama Ba.
Mis en ligne : 28/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





