Le dimanche 20 juillet, au moins 93 personnes ont perdu la vie dans le nord de la bande de Gaza, alors qu’elles attendaient un convoi humanitaire pour se ravitailler. Ce bilan alarmant, communiqué par le ministère de la Santé de Gaza, est contesté par l’armée israélienne qui affirme avoir agi pour protéger les camions d’aide face à une menace.
Si le drame humanitaire ne peut être nié, il est inquiétant de constater comment une large part des médias relaye sans distance les communiqués militaires israéliens, au détriment d’une information équilibrée et complète sur la souffrance des civils.
La bande de Gaza vit depuis des semaines sous un siège étouffant, avec des coupures d’eau, d’électricité et un accès très limité aux ressources alimentaires. L’aide internationale tente d’acheminer des denrées vitales via des convois, mais ces efforts sont freinés et fragilisés par le conflit. Dans ce contexte, la mort de dizaines de civils affamés cherchant à recevoir cette aide est un drame humain majeur qui devrait mobiliser toutes les consciences.
De nombreuses rédactions, sans remise en question suffisante, diffusent la version officielle israélienne présentant l’ouverture du feu comme une réponse défensive à une « menace ». Pourtant, des témoins et les hôpitaux locaux décrivent une scène d’attaque sur une foule de civils désarmés. Cette asymétrie dans le traitement de l’information contribue à une désinformation qui banalise les pertes humaines du côté palestinien. Le rôle des médias est pourtant crucial : ils doivent enquêter, confronter les versions, et porter la voix des victimes plutôt que de se faire simples relais des communiqués militaires.
Premièrement, la multiplication des victimes civiles dans ce conflit exige une vigilance accrue. Ne pas questionner la version des forces armées, surtout en période de conflit asymétrique, revient à cautionner une possible violation des droits humains. Deuxièmement, la répétition d’une communication unilatérale nourrit la polarisation et empêche la recherche de solutions pacifiques. Enfin, l’opacité autour des opérations militaires et les restrictions imposées aux journalistes empêchent un contrôle démocratique indispensable.
Dans d’autres situations de guerre, comme en Syrie ou en Ukraine, les médias qui ont maintenu un travail d’investigation indépendant ont permis de révéler des crimes de guerre et des tragédies humanitaires. A contrario, quand les médias se font complices par manque d’esprit critique, la vérité est occultée et la souffrance des populations invisibilisée. Gaza semble souffrir de ce même problème, où la couverture médiatique, en majorité, ne remet pas en cause les récits militaires israéliens, alors même que des organisations internationales et des témoins dénoncent une réalité bien différente.
La tragédie des civils tués à Gaza en cherchant à se nourrir est une honte humanitaire. Mais elle est aggravée par la complicité implicite de certains médias qui minimisent ces drames en reprenant sans recul la communication de l’armée israélienne. Un journalisme véritablement responsable doit impérativement défendre la vérité, donner la parole aux victimes, et ne pas se contenter d’être un simple porte-voix d’intérêts militaires. Sans cela, le monde risque de rester sourd aux cris de ceux qui, à Gaza, luttent pour survivre.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Modou Sakho.
Mis en ligne : 28/07/2025
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