Seydi Gassama, la mémoire courte ? : Indignation à géométrie variable - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Maimouna | Publié le 28/07/2025 03:07:30

Seydi Gassama, la mémoire courte ? : Indignation à géométrie variable

Le discours de Birame Souleye Diop, ministre du Pétrole, prononcé à l’Université Gaston Berger, continue de faire couler beaucoup d’encre. Appelant les jeunes de son parti à répondre « injure par injure », il a suscité l’indignation de Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal. Celui-ci juge cette posture regrettable et contraire aux principes républicains. Mais à bien y regarder, cette indignation tardive soulève des interrogations sur la constance de ses prises de position.

Depuis plusieurs années, le Sénégal traverse des turbulences politiques marquées par une montée des tensions verbales et physiques. L’espace public est devenu un champ de confrontations où se mêlent invectives, menaces et violences. Durant les périodes de troubles qui ont secoué le pays notamment en mars 2021 et juin 2023 des scènes de saccages, de pillages et d’incendies de biens publics et privés ont été enregistrées. Et pourtant, nombreux sont ceux qui, à l’époque, ont fermé les yeux, voire justifié ces actes sous le prisme de la lutte pour la démocratie et la justice.

Il est pour le moins étonnant que Seydi Gassama choisisse aujourd’hui de hausser le ton contre un appel à riposte verbale alors qu’il est resté remarquablement silencieux voire complaisant face à des appels à la confrontation physique qui ont dégénéré en violences incontrôlées. Lorsque des jeunes brûlaient des bus, s’attaquaient à des bâtiments administratifs ou pillaient des commerces, leur cause trouvait grâce aux yeux de certains défenseurs des droits humains, sous prétexte de rébellion contre l’oppression.

Deux poids, deux mesures : Comment peut-on tolérer, voire justifier des violences physiques dans un contexte et s’émouvoir d’un simple appel à répliquer verbalement dans un autre ?

Silence sélectif : Durant les moments critiques où le pays sombrait dans le chaos, la voix de Seydi Gassama ne s’élevait que timidement, voire pas du tout, pour condamner les dérives les plus graves. Pourquoi cette soudaine sensibilité aujourd’hui ?

Climat politique tendu : La réponse du ministre Birame Souleye Diop s’inscrit dans un contexte de violences symboliques continues où ses adversaires ont usé (et abusé) de l’injure, parfois de façon méthodique. Pourquoi la légitime défense verbale serait-elle inacceptable ?

Les archives des déclarations d’Amnesty International au Sénégal révèlent une tendance à s’exprimer davantage sur les actions de l’État ou de ses représentants que sur les comportements parfois violents de l’opposition ou des activistes. Cette posture, bien que fidèle à la mission de défense des droits humains, manque parfois de nuance. Elle donne le sentiment d’un engagement déséquilibré, voire politisé.

Dans d’autres contextes, comme en France ou aux États-Unis, les ONG de défense des droits humains condamnent fermement toute forme de violence, qu’elle émane de l’État ou des manifestants. Cette équidistance morale renforce leur crédibilité. Pourquoi cette impartialité semble-t-elle si difficile à adopter au Sénégal ?

L’indignation de Seydi Gassama, bien que légitime sur le fond, paraît sélective et arrive bien tard. L’appel à répondre à l’injure par l’injure n’est pas un idéal républicain, certes. Mais il reste moins grave que les incitations à la violence physique que certains ont soutenues, tolérées ou minimisées. Si nous voulons bâtir un Sénégal apaisé, il est impératif que la société civile fasse preuve de cohérence dans ses dénonciations et qu’elle condamne toutes les dérives, d’où qu’elles viennent.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Barry.
Mis en ligne : 28/07/2025

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