Ousmane Sonko face à Sonatel : Un bras de fer perdu d’avance ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 29/07/2025 09:07:15

Ousmane Sonko face à Sonatel : Un bras de fer perdu d’avance ?

Le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment rencontré les responsables syndicaux de Sonatel pour discuter des enjeux stratégiques qui menacent cette entreprise emblématique du Sénégal. Lors de cet échange, les syndicats ont pointé du doigt des problèmes graves : une gouvernance déséquilibrée, une influence disproportionnée d’Orange, le partenaire stratégique minoritaire et des blocages internes freinant la croissance de l’entreprise.

Face à ces doléances, Sonko a assuré de son engagement total à défendre la souveraineté économique du pays et à protéger les intérêts des travailleurs. Mais ces belles paroles suffisent-elles à masquer un réel manque de volonté et d’action concrète ? Il s’agit d’un discours politique déconnecté des réalités, qui ne trompera personne.

Les difficultés de Sonatel ne sont pas nouvelles. Depuis que France Telecom, devenu Orange, est entré au capital, la gouvernance de l’entreprise est caractérisée par un déséquilibre flagrant au Conseil d’administration, qui ne reflète ni la répartition réelle de l’actionnariat ni les intérêts nationaux. Cette situation est renforcée par des accords initiaux qui ont, volontairement ou non, concédé trop de pouvoir à l’opérateur français, au détriment de l’État sénégalais et des travailleurs locaux.

Ces clauses désavantageuses, les retards dans le transfert des compétences et les pratiques opaques autour des nominations montrent que Sonatel fonctionne aujourd’hui plus comme une filiale de multinationales que comme un acteur souverain au service du Sénégal.

Il est facile pour un chef de gouvernement de parler de souveraineté économique dans les médias ou lors de rencontres officielles. Pourtant, la véritable mesure de Sonko se fera dans sa capacité à peser face à un partenaire aussi puissant qu’Orange, qui dispose de leviers financiers et techniques majeurs, même avec une participation minoritaire. Le Premier ministre promet de défendre les intérêts du Sénégal, mais sans dévoiler de stratégies claires pour rééquilibrer la gouvernance ni pour remettre en cause les clauses défavorables existantes, ces assurances ne valent pas plus que du vent.

Les syndicats ont raison de dénoncer les « entraves internes » : ce sont les effets directs de ce déséquilibre qui freine l’innovation, la croissance et l’autonomie de Sonatel. Le refus implicite de réexaminer les accords et de réaffirmer une maîtrise pleine et entière sur les choix stratégiques de l’entreprise est un signe d’une faiblesse politique préoccupante.

Un partenaire minoritaire mais omnipotent, Orange exerce une influence disproportionnée, comme en témoignent les nominations opaques au poste de DG, une situation qui nie la souveraineté nationale.

Les intérêts des travailleurs sacrifiés, le retard dans le transfert des compétences et les clauses désavantageuses sont autant de preuves que les salariés sont souvent les grands perdants dans ce rapport de force inégal.

Des promesses sans feuille de route, Sonko ne propose aucune mesure concrète, aucun plan d’action clair pour rééquilibrer la gouvernance, ni pour renégocier les accords léonins.

Dans plusieurs pays, comme l’Afrique du Sud ou le Kenya, les gouvernements ont su, parfois difficilement, reprendre le contrôle de leurs opérateurs stratégiques en renégociant les accords ou en soutenant la création d’alternatives nationales crédibles. Le Sénégal semble, lui, rester prisonnier d’un partenariat déséquilibré.

Les assurances du Premier ministre Sonko sont, aujourd’hui, loin de convaincre. L’enjeu est crucial : il ne s’agit pas de discours, mais de faits, de négociations fermes et d’une véritable volonté politique pour remettre Sonatel au service de l’État sénégalais et de ses travailleurs. Tant que ces conditions ne seront pas réunies, les paroles resteront vides, et les intérêts stratégiques du Sénégal continueront de se diluer dans les méandres d’un partenariat inégalitaire.

Sonko a une lourde responsabilité : prouver qu’il est capable de passer de la rhétorique à l’action. Sans cela, son engagement ne sera qu’un mirage de plus dans un paysage économique déjà trop marqué par la dépendance aux multinationales.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mbacke Cisse.
Mis en ligne : 29/07/2025

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