À peine 48 heures après la signature d’une déclaration de principes entre la République démocratique du Congo (RDC) et le groupe armé AFC/M23 à Doha, des affrontements ont éclaté dans le Nord et le Sud-Kivu. Alors que Kinshasa et les rebelles s’engageaient officiellement à désarmer le terrain, les combats ont continué entre leurs alliés respectifs, remettant en cause la sincérité de ce processus de paix.
Dès lors, il devient difficile de ne pas voir dans ces accords une façade destinée à apaiser la communauté internationale, sans réelle volonté de pacification.
Depuis plus d’une décennie, l’est de la RDC est ravagé par des conflits armés impliquant une myriade de groupes rebelles, certains directement soutenus par des puissances régionales. L’accord signé à Doha le 18 juillet 2025 prétendait ouvrir une nouvelle ère de désescalade. Pourtant, le 21 juillet, à Pinga (Nord-Kivu) et à Fizi (Sud-Kivu), les armes ont parlé. Les groupes Wazalendo et Twirwaneho, pourtant inclus de facto dans la déclaration par leur affiliation aux signataires, ont poursuivi les affrontements. L’illusion de paix s’est ainsi effondrée dans le vacarme des tirs croisés.
Les textes sont clairs : la déclaration prévoyait une cessation immédiate des hostilités, avec une mise en œuvre « au plus tard le 29 juillet ». Pourtant, les hostilités ont repris bien avant cette date, trahissant une absence de volonté politique réelle. Pire encore, le flou autour de la date d’entrée en vigueur du cessez-le-feu illustre une ambiguïté soigneusement entretenue. Ce double langage diplomatique permet aux belligérants de continuer à manœuvrer sur le terrain tout en arborant les attributs d’un engagement pour la paix.
La pression internationale comme moteur principal : Ce type d’accords survient systématiquement en période de pression diplomatique intense, notamment de la part de l’Union africaine, de l’ONU ou des partenaires bilatéraux. Leur objectif est souvent moins de rétablir la paix que de donner des gages à ces observateurs.
Des groupes non contrôlés ou volontairement instrumentalisés : Les autorités de Kinshasa, comme les chefs du M23, prétendent ne pas pouvoir contrôler totalement les milices alliées. Mais cette prétendue incapacité sert en réalité à maintenir une guerre asymétrique, où l’on déplace les responsabilités sans jamais désarmer.
Ces processus de paix, présentés comme des avancées diplomatiques majeures, n’ont jamais empêché les affrontements de se poursuivre quelques jours après leur signature. Doha ne fait que perpétuer ce cycle d’annonces creuses.
Le processus de Khartoum en 2019, signé entre le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, avait lui aussi été salué par la communauté internationale. Quelques semaines plus tard, les combats reprenaient, confirmant que sans mécanismes contraignants et volonté sincère, les accords ne valent que pour la galerie diplomatique.
L’accord de Doha entre la RDC et le M23 semble n’être qu’un nouvel épisode dans une série de simulacres de paix. Tant que la logique de guerre sera politiquement et militairement rentable, les papiers signés à Doha, Nairobi ou ailleurs ne seront que des feuilles mortes balayées par le vent du cynisme. Il faut que la communauté internationale cesse de se contenter de symboles et exiger des actions concrètes sur le terrain. La paix ne peut être proclamée dans les salons climatisés pendant que les civils fuient les balles à Walikale ou à Fizi.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 29/07/2025
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