Ce lundi, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé la présentation imminente d’un Plan de redressement économique et social, attendu pour le 1er août 2025. Dans une déclaration solennelle adressée aux Sénégalais, il a promis des actions concrètes pour relever le pays, appelant à « l’unité nationale » et à la « mobilisation ». Mais au-delà des mots rassembleurs et des promesses d’avenir, une lecture critique s’impose. Cette annonce ressemble davantage à une manœuvre politique habile qu’à un engagement sincère en faveur d’un changement structurel.
Le contexte économique et social du Sénégal est alarmant. Après des années de croissance inégalement répartie, le pays fait face à un chômage massif, une dette publique préoccupante, une inflation persistante, et une défiance généralisée à l’égard des institutions.
L’arrivée au pouvoir d’Ousmane Sonko et de son gouvernement a suscité des espoirs, notamment chez les jeunes et les populations rurales. Mais depuis, les actes n’ont pas suivi les discours. La gouvernance reste opaque, les réformes profondes tardent, et les urgences sociales s’accumulent.
Dans ce contexte, l’annonce d’un « plan de redressement » sonne davantage comme un effet d’annonce, destiné à contenir les frustrations croissantes. Fixer une date symbolique, convoquer la nation autour d’un grand projet, évoquer « l’action » et « les solutions »… tout cela ressemble à une mise en scène. Une tactique de communication bien rodée pour occuper le terrain, sans pour autant livrer de véritables mesures concrètes. Le flou autour du contenu du plan, les absences de consultations réelles et la rhétorique mobilisatrice trahissent une volonté plus politique que pragmatique.
D’autres pays africains ont connu ces élans volontaristes vite retombés. En Guinée ou au Mali, des promesses similaires ont souvent abouti à des plans mal financés, mal exécutés ou carrément abandonnés. L’appel à l’unité nationale, aussi noble soit-il, est souvent utilisé comme levier pour désamorcer la contestation, neutraliser les critiques et renforcer une légitimité vacillante. Or, l’unité ne se décrète pas ; elle se construit dans la justice, la transparence et l’équité.
Ce plan, présenté comme une réponse aux attentes en matière d’emploi et de justice sociale, pourrait donc n’être qu’une diversion. En promettant beaucoup sans dire comment, en misant sur l’émotion patriotique plutôt que sur des engagements vérifiables, le gouvernement cherche peut-être à gagner du temps, à détourner l’attention des véritables problèmes de fond : les inégalités criantes, la pauvreté persistante, la jeunesse désœuvrée, et la désillusion démocratique.
Face à cette posture, le grand public doit rester lucide et exigeant. Il ne suffit plus d’écouter des discours bien tournés. Il faut des actes mesurables, un calendrier précis, des mécanismes de suivi indépendants et une reddition de comptes régulière. L’histoire récente du pays et de la région a montré que les promesses non tenues sont le terreau de l’instabilité.
Si le temps du redressement est effectivement venu, alors qu’il se traduise d’abord dans les faits. En attendant, cette annonce apparaît moins comme une bouffée d’espoir que comme un rideau de fumée.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 01/08/2025
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