L’État sourd aux revendications : Un projet imposé sans concertation - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 02/08/2025 11:08:45

L’État sourd aux revendications : Un projet imposé sans concertation

La localité de Soussoung, dans la commune de Ndiaganiao, est récemment devenue le théâtre de tensions, marquées par une confrontation entre forces de l’ordre et paysans en colère. Le motif ? Un projet d’implantation d’une carrière de basalte sur des terres agricoles déjà exploitées par ces agriculteurs, qui dépendent de ces parcelles pour leur subsistance. Ce projet, imposé sans concertation, illustre une injustice profonde et un mépris manifeste pour les droits des populations locales.

Depuis plusieurs années, les terres agricoles au Sénégal, et plus largement en Afrique, sont menacées par des projets industriels, souvent présentés comme vecteurs de développement économique. Pourtant, cette modernisation coûte cher : le déplacement des paysans, la destruction d’écosystèmes et la perte de moyens de subsistance. Dans le cas de Soussoung, la situation est d’autant plus préoccupante que les terres concernées ne sont pas vagues ou inexploitables, mais des champs en pleine production, avec les premières pousses déjà visibles. Pour ces familles, ces terres représentent non seulement un moyen de vivre mais aussi un patrimoine immatériel lié à leur identité.

Les tensions à Soussoung illustrent une dynamique inquiétante. L’arrivée soudaine et massive des forces de l’ordre, avec plus de dix véhicules de gendarmerie et un équipement lourd, pour sécuriser une zone agricole en pleine saison d’hivernage, témoigne d’une réponse excessive, si ce n’est répressive. Le recours à la force et les interpellations sont la manifestation d’un État préférant imposer un projet industriel au détriment d’un dialogue apaisé. L’absence flagrante de consultation préalable des paysans, qui ont déjà investi temps et travail dans leurs champs, révèle une rupture grave entre les décideurs et la population locale.

L’agriculture est souvent la seule source de revenus pour ces communautés rurales. Détruire leurs champs, c’est les priver de nourriture, de revenus et de dignité. La non-prise en compte de leur consentement bafoue les principes fondamentaux des droits humains et du développement durable. Le recours à la force publique contre des citoyens qui défendent légitimement leurs moyens d’existence est un signe alarmant d’une gouvernance autoritaire et déconnectée des réalités du terrain.

Cette situation n’est malheureusement pas isolée. À travers l’Afrique, les conflits liés à l’accaparement des terres se multiplient, souvent au profit d’intérêts industriels ou miniers étrangers, au détriment des populations locales. Au Kenya, au Nigeria, ou encore en Afrique du Sud, des communautés rurales ont vu leurs terres réquisitionnées sans compensation équitable ni dialogue, conduisant à des tensions sociales voire à des violences. Ces exemples devraient servir de leçon pour éviter de répéter ces erreurs.

Face aux tensions à Soussoung, il faut que les autorités locales et nationales reconnaissent les droits des agriculteurs de la région. Le développement ne peut se faire au prix de l’injustice et de la dépossession. Une véritable consultation, transparente et inclusive, doit précéder tout projet susceptible d’impacter les populations. Par ailleurs, des alternatives doivent être envisagées pour concilier développement industriel et protection des moyens de subsistance.

L’utilisation de la force pour imposer un projet industriel est un aveu d’échec démocratique. Il fallait privilégier l’écoute et le respect, plutôt que la confrontation et la répression.

En imposant une carrière de basalte sur des terres cultivées, sans le consentement des paysans et avec un déploiement disproportionné des forces de l’ordre, les autorités font le choix de l’injustice et de la violence institutionnelle. Ce choix, loin de faire progresser le développement local, creuse les divisions et menace la cohésion sociale. Pour un avenir équitable et durable, il faut reconnaître le droit inaliénable des paysans à leurs terres et mettre fin à ces pratiques répressives. Le vrai progrès passe par le respect des populations, pas par leur marginalisation forcée.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdoulaye Mbaye.
Mis en ligne : 02/08/2025

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