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Le décès de Serigne Issa Touré, marabout accusé de faits graves, a été confirmé ce mercredi. Son corps sans vie a été retrouvé dans un puits à Bambilor, plusieurs semaines après sa disparition le 3 juin. Selon les informations rapportées par L’Observateur, l’homme était activement recherché par la police pour des faits présumés de détournement de mineurs, de viols et d’actes contre-nature. Si la thèse du suicide est évoquée, plusieurs zones d’ombre entourent cette affaire.
Cette actualité soulève des questionnements importants, non seulement sur les circonstances précises du drame, mais également sur le fonctionnement de notre système judiciaire. Elle met en lumière un déséquilibre troublant dans la manière dont la justice s’active, selon la nature des affaires et le profil des personnes impliquées.
Dans les affaires de mœurs, l’appareil judiciaire sénégalais se montre souvent d’une grande rapidité. Les enquêtes sont enclenchées sans délai, les convocations émises, et les médias largement mobilisés. Ce fut le cas ici, où l’intervention des forces de l’ordre et la médiatisation ont été particulièrement promptes.
Cependant, ce dynamisme contraste fortement avec la lenteur constatée dans d’autres types de dossiers, notamment ceux touchant à la délinquance économique. Lorsque des personnalités influentes sont citées dans des affaires de détournement de deniers publics, de corruption ou de gestion frauduleuse, l’élan judiciaire semble soudain s’essouffler. Les procédures s’éternisent, les dossiers s’enlisent, et les responsabilités semblent se diluer.
Ce contraste alimente une perception de plus en plus répandue dans l’opinion : celle d’une justice à deux vitesses. Une justice qui irait vite quand il s’agit d’accuser des figures déjà fragilisées ou peu influentes, mais qui serait beaucoup plus prudente voire silencieuse dès qu’elle est confrontée à des affaires mettant en cause des personnalités disposant de réseaux ou d’un certain pouvoir.
Sans verser dans les accusations gratuites, il est légitime de s’interroger sur les facteurs pouvant expliquer cette disparité. L’indépendance de la justice, principe fondamental de toute démocratie, mérite d’être renforcée et défendue. Car une justice équitable doit traiter chaque dossier avec la même rigueur, quelle que soit la position sociale ou le statut politique de l’accusé.
Il n’est pas inutile de souligner que cette problématique ne concerne pas uniquement notre pays. Dans plusieurs États d’Afrique ou d’Amérique latine, la justice est confrontée à des défis similaires. Des enquêtes retentissantes, comme l’opération « Lava Jato » au Brésil, ont montré combien il peut être difficile de poursuivre des figures puissantes sans une volonté ferme et une protection institutionnelle forte.
Cela démontre qu’un système judiciaire peut évoluer, à condition d’une volonté politique réelle et d’un engagement pour la transparence.
Le respect du principe d’égalité devant la loi est une attente fondamentale des citoyens. Il ne s’agit pas ici de minimiser les faits graves qui ont conduit à la traque de Serigne Issa Touré. Au contraire, ils appellent une réponse ferme et rigoureuse. Mais cette rigueur devrait également s’appliquer à toutes les autres infractions, en particulier celles qui appauvrissent l’État et compromettent le développement du pays.
L’affaire Serigne Issa Touré illustre l’efficacité dont peut faire preuve notre justice lorsqu’elle est pleinement mobilisée. Cette efficacité devrait cependant être généralisée et non sélective. Pour restaurer la confiance des citoyens, il est essentiel que notre système judiciaire démontre de manière constante son impartialité, sa cohérence et son indépendance. Car seule une justice équitable pour tous peut garantir la stabilité, la paix sociale et le progrès démocratique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 01/08/2025
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