L’une des pages les plus sombres de l’histoire : Vingt ans plus tard - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 03/08/2025 06:08:27

L’une des pages les plus sombres de l’histoire : Vingt ans plus tard

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Le 22 juillet 2005 restera gravé comme l’une des pages les plus sombres de l’histoire ouest-africaine : plus de 50 migrants, principalement ghanéens, furent arrêtés puis exécutés en Gambie, sous le régime de Yahya Jammeh. Vingt ans plus tard, les familles brisent enfin le silence, demandant justice, réparations et reconnaissance. Elles interpellent le gouvernement actuel, celui d’Adama Barrow, dans une pétition qui souligne les lenteurs du processus de réparation.

Derrière l’apparente bonne volonté du régime en place se cache une réalité préoccupante : le pouvoir gambien exploite politiquement cette affaire pour polir son image à l’international, tout en évitant des actes concrets et courageux.

Depuis la chute de Yahya Jammeh en 2017, le gouvernement Barrow multiplie les engagements symboliques en faveur de la vérité et de la justice. La mise en place de la Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC) avait suscité l’espoir d’un tournant. Pourtant, au-delà des beaux discours et des gestes de façade, les actes tardent à venir. Les familles des victimes, notamment celles du Ghana, du Togo, du Sénégal et du Nigeria, attendent encore des réponses concrètes, des indemnisations et des excuses officielles.

Le gouvernement d’Adama Barrow a souvent été salué sur la scène internationale pour avoir ouvert les dossiers noirs du régime précédent. Mais les faits montrent une stratégie de communication plus qu’une volonté sincère de rendre justice. Alors que les conclusions de la TRRC ont été remises depuis 2021, peu de recommandations ont été mises en œuvre. Pire encore, certains proches de Yahya Jammeh demeurent impunis, voire toujours actifs dans la vie politique ou sécuritaire du pays.

Une lenteur révélatrice d’un manque de volonté, deux ans après la publication du rapport de la TRRC, les excuses officielles n’ont toujours pas été présentées aux pays concernés, et aucune indemnisation intégrale n’a été versée.

Une instrumentalisation du discours des droits humains, le gouvernement gambien se positionne comme modèle de justice transitionnelle, tout en entretenant l’impunité. Cette dualité traduit un calcul politique visant à apaiser la communauté internationale sans bousculer les équilibres internes.

L’absence de poursuites contre Yahya Jammeh, alors que des preuves accablantes ont été réunies contre l’ancien président, aucun procès n’est engagé. Exilé en Guinée équatoriale, Jammeh reste à l’abri, et Barrow semble peu pressé d’exiger son extradition.

D’autres pays africains ont affronté leur passé avec davantage de courage. L’Afrique du Sud post-apartheid, malgré ses défauts, a au moins tenu ses promesses de transparence et de reconnaissance. Au Rwanda, les tribunaux Gacaca, bien que critiqués, ont permis à des milliers de familles d’obtenir vérité et justice. En Gambie, tout cela reste un mirage.

La quête de justice des familles des migrants ouest-africains exécutés ne doit pas être utilisée à des fins politiques. Le gouvernement Barrow, en s’abritant derrière des gestes symboliques, échoue à poser les actes décisifs attendus. À quoi servent des commissions, des pétitions ou des rapports si les recommandations restent lettre morte ? La Gambie doit démontrer que les droits humains ne sont pas un outil de marketing politique, mais un engagement sincère envers la mémoire, la dignité et la justice.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 03/08/2025

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