La dictature ne meurt jamais : Paul Biya choisit ses adversaires - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 04/08/2025 01:08:00

La dictature ne meurt jamais : Paul Biya choisit ses adversaires

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La Commission électorale nationale du Cameroun (ELECAM) a publié, ce samedi 26 juillet, la liste des 13 candidats retenus pour l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. L’absence de Maurice Kamto, principal opposant au régime en place, soulève une indignation légitime. Aucun motif n’a été communiqué pour expliquer ce rejet, laissant planer un parfum d’arbitraire et de manipulation politique.

Paul Biya, 92 ans, règne sans partage sur le Cameroun depuis 1982. Quarante-trois ans d’un pouvoir personnifié, usé, et contesté. Malgré son âge avancé, il brigue un énième mandat, dans un climat politique étouffant où l’alternance devient un mirage. Dans un pays où les institutions sont entièrement inféodées à l’exécutif, l’annonce de la disqualification de Maurice Kamto n’a rien d’étonnant. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large : museler toute voix dissonante, neutraliser les candidatures crédibles et orchestrer un simulacre d’élection.

Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), avait recueilli 14 % des suffrages en 2018, malgré des accusations massives de fraudes. Son exclusion de la course présidentielle en 2025, sans justification, est une gifle à l’intelligence du peuple camerounais et un affront à la démocratie. ELECAM, censée garantir la transparence et l’équité du processus électoral, se révèle être un instrument docile au service du pouvoir.

Sans Kamto, c’est toute l’opposition crédible qui est amputée. Les autres candidats, souvent peu connus ou tolérés car inoffensifs pour le régime, n’ont ni la base populaire ni la stature politique pour défier sérieusement Biya. Ce déséquilibre crée un faux pluralisme, où la compétition électorale devient une mise en scène destinée à légitimer une dictature vieillissante.

L’exclusion arbitraire de figures de l’opposition n’est pas une première en Afrique. En Guinée, Alpha Condé a réprimé toute contestation après avoir changé la Constitution. En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro avaient été écartés de la présidentielle de 2020. Ces manipulations électorales nourrissent la frustration, la violence, et affaiblissent la confiance dans les institutions.

Une démocratie sans opposition forte est une démocratie malade. L’opposition joue un rôle fondamental de contre-pouvoir : elle porte la voix des oubliés, propose des alternatives, contrôle les dérives. En éliminant Kamto, le régime camerounais tente de détruire ce contrepoids essentiel. Le résultat ? Un paysage politique monocorde, une société polarisée, et un risque accru d’explosion sociale.

Le silence de la communauté internationale face à cette dérive est assourdissant. Il est temps de dénoncer l’hypocrisie des partenaires qui prônent la démocratie à l’extérieur tout en fermant les yeux sur les dictatures amies.

Les Camerounais ne doivent pas se laisser voler leur avenir une fois de plus. Les forces démocratiques, la société civile, la diaspora et les alliés internationaux doivent faire bloc. Il faut exiger la réintégration immédiate de Maurice Kamto, la transparence du processus électoral et la réforme d’ELECAM.

Le Cameroun mérite mieux qu’un simulacre d’élection. Il mérite un vrai choix, un vrai débat, une vraie démocratie. L’heure n’est plus à la résignation, mais à la résistance.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Maurice K.
Mis en ligne : 04/08/2025

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