Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé la création prochaine du « plus grand Centre de transformation pour l’employabilité des jeunes en Afrique », à l’issue de la formation de 1 000 volontaires agricoles du Programme Agricole 2025/2026.
Officiellement, cette structure a pour vocation de former des milliers de jeunes à des métiers porteurs, à travers le volontariat et la reconversion professionnelle. Mais derrière cette annonce prometteuse se cache un risque majeur : la transformation du volontariat en une forme déguisée de précarisation des jeunes.
Le chômage des jeunes demeure l’un des problèmes les plus aigus du Sénégal. Les gouvernements successifs ont souvent multiplié les initiatives visant à favoriser l’employabilité des jeunes, mais peu ont donné lieu à des résultats durables. Le centre annoncé par le Premier ministre s’inscrit dans cette logique de réponse institutionnelle, portée cette fois par la Direction du service civique national. Cependant, une lecture attentive du projet soulève plusieurs zones d’ombre.
Présenté comme un levier de transformation sociale, le volontariat national s’impose ici comme le pilier du dispositif. Pourtant, le recours à ce modèle interroge. Le cadre du volontariat ne garantit ni rémunération équitable, ni protection sociale, ni véritable insertion professionnelle. Or, l’employabilité des jeunes ne peut être construite sur des engagements flous, où le travail est déguisé en « participation citoyenne ».
En ce sens, le projet risque de devenir une solution provisoire à un problème structurel, sans apporter de réponse durable à l’employabilité des jeunes. De nombreux jeunes pourraient être engagés dans ce centre, sans débouchés concrets ni perspective claire d’évolution.
À ce jour, aucun calendrier précis ni budget détaillé n’a été rendu public. L’assiette foncière n’est même pas encore mobilisée. Tout cela donne à penser qu’il s’agit, une fois de plus, d’un effet d’annonce destiné à rassurer une jeunesse en quête d’espoir. L’employabilité des jeunes ne peut se satisfaire de promesses sans structure ni planification rigoureuse.
Dans plusieurs pays africains, des projets similaires reposant sur le volontariat ont abouti à la création de centres lourds administrativement, mais sans impact réel sur l’emploi. Au lieu d’ouvrir la voie à l’autonomisation, ils ont souvent recyclé des jeunes dans des circuits de dépendance étatique. Le Sénégal pourrait bien reproduire ce schéma, à rebours d’une politique moderne et inclusive de l’emploi.
Le centre annoncé par Ousmane Sonko ne doit pas devenir une vitrine politique de plus. L’enjeu de l’employabilité des jeunes exige des solutions sérieuses : financement des startups, soutien à l’apprentissage, encadrement du secteur informel, et surtout respect des droits sociaux. Le volontariat peut être une étape, mais il ne saurait devenir un modèle par défaut. L’État doit clarifier ses intentions et engage une réforme structurelle centrée sur l’employabilité des jeunes, fondée sur la dignité, la sécurité et la justice sociale.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fallou Fall.
Mis en ligne : 05/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.




