Le Pastef trahit ses principes : Sortie controversée de Waly Diouf Bodian - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 05/08/2025 03:08:30

Le Pastef trahit ses principes : Sortie controversée de Waly Diouf Bodian

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

Lors d’une réunion organisée par la commission électorale du Pastef dans le département de Dakar, Waly Diouf Bodian, directeur général du Port autonome de Dakar et figure visible du Pastef, a déclaré avec véhémence vouloir la dissolution de l’Alliance pour la République (APR), parti fondé par Macky Sall. S’appuyant sur les violences meurtrières survenues entre 2021 et 2023, il estime que l’APR ne mérite plus sa place dans l’arène politique. À ses yeux, ce parti incarne la violence, la répression, et doit donc être effacé du paysage sénégalais. La sortie de Waly Diouf Bodian est inacceptable, dangereuse, et profondément contraire aux principes que Pastef a toujours prétendu défendre.

Le Sénégal sort péniblement d’années de tensions politiques marquées par la répression, l’arrestation d’opposants, et la restriction des libertés publiques. La dissolution du Pastef par l’ancien régime a été unanimement dénoncée, à juste titre, comme une dérive autoritaire intolérable. Elle a nourri un sentiment d’injustice, de marginalisation politique, et a contribué à radicaliser le débat démocratique.

Aujourd’hui, alors que l’alternance a été pacifiquement acquise par les urnes, il serait cohérent de tourner le dos aux méthodes qui ont blessé la démocratie sénégalaise. Mais voilà que certains, grisés par leur nouvelle position, reprennent les armes de ceux qu’ils dénonçaient hier.

Dans ses propos, Waly Diouf Bodian prétend vouloir rendre justice aux victimes des violences politiques. Son indignation est légitime. Mais sa solution est inquiétante. Dissoudre un parti politique pour son passé supposé ou réel de violences, sans procès équitable ni débat contradictoire, revient à poser une bombe au cœur de notre démocratie.

Ce n’est pas à un cadre du Pastef, aussi influent soit-il, de décider de la légitimité d’un parti légalement constitué. La justice ne peut pas être l’instrument de la vengeance politique. Ce n’est pas parce que le Pastef a subi une injustice que la solution est de reproduire la même violence institutionnelle envers ses adversaires.

Le Pastef s’est bâti sur les idéaux de liberté, de justice et de pluralisme. Il a gagné le respect de millions de Sénégalais en se posant en défenseur de la dignité et de l’État de droit. Que ses cadres appellent aujourd’hui à la disparition d’un parti adverse, sous prétexte de revanche historique, revient à trahir ces principes.

Cette sortie de Waly Diouf Bodian n’est pas seulement incohérente : elle est destructrice. En appelant à rayer un parti de la carte, Bodian ouvre la voie à une logique de représailles sans fin. Ce genre de discours ne construit pas la paix, il prépare les prochaines crises.

Dans des contextes similaires, comme en Côte d’Ivoire ou au Kenya, les tentatives d’exclusion politique ont souvent abouti à la violence et au chaos. L’Afrique n’a pas besoin de dirigeants qui ferment les portes du dialogue. Elle a besoin de bâtisseurs d’institutions solides et inclusives.

Le Sénégal doit sortir de la logique du “œil pour œil”. Si nous voulons que la démocratie s’enracine durablement, il faut la nourrir de respect mutuel, de justice impartiale, et de responsabilité historique. Dissoudre l’APR pour des raisons politiques, c’est donner raison à ceux qui ont dissous le Pastef hier.

Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, en tant que figures centrales du nouveau pouvoir, doivent rejeter cette tentation autoritaire. Ils doivent marquer une rupture réelle avec le passé, non pas en éliminant leurs anciens adversaires, mais en garantissant à tous le droit d’exister et de s’exprimer.

Nous appelons les dirigeants du Pastef à condamner sans ambiguïté les propos de Waly Diouf Bodian. La crédibilité du parti au pouvoir dépendra aussi de sa capacité à défendre aujourd’hui ce qu’il exigeait hier : le respect des droits fondamentaux, y compris pour ses adversaires.

La démocratie ne se mesure pas à la façon dont on traite ses amis, mais à la manière dont on tolère ses opposants.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mounass N. Ba.
Mis en ligne : 05/08/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top