Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
L’investiture de Faustin-Archange Touadéra par son parti, le Mouvement Cœurs Unis, pour la présidentielle de décembre 2025, suscite de vives réactions en République centrafricaine. Si le chef de l’État se prévaut de la nouvelle Constitution de 2023 pour légitimer sa candidature, nombreux sont ceux qui y voient une manœuvre habile pour s’accrocher au pouvoir.
En août 2023, la République centrafricaine a adopté une nouvelle Constitution, ouvrant la voie à un prétendu « nouveau départ ». C’est sur ce fondement juridique que Touadéra s’appuie pour prétendre que sa candidature n’est pas un « troisième mandat », mais bien le premier d’une nouvelle République. Ce jeu sémantique ne trompe pourtant pas grand monde : derrière la façade constitutionnelle, se cache une volonté manifeste de prolonger un règne qui avait pourtant été présenté comme transitoire et réparateur.
En 2016, Touadéra avait été accueilli avec espoir. Présenté comme un homme de consensus après des années de guerre civile, il avait promis de restaurer la paix, de reconstruire les institutions et de ne pas s’inscrire dans une logique de pouvoir à vie. Son accession au pouvoir avait été accompagnée d’un discours de modération et de rupture avec les pratiques autocratiques. Aujourd’hui, sa décision de se représenter malgré ses engagements initiaux fait figure de trahison pour beaucoup de citoyens. Le maire de Bangui lui-même se dit surpris et déçu : l’homme de la transition s’est mué en homme de conservation du pouvoir.
À cinq mois des élections générales, cette investiture ajoute de la tension à un contexte déjà fragile. La population est divisée, l’opposition est méfiante, et les appels au dialogue sont entachés de conditions imposées par le pouvoir. Touadéra affirme être favorable à une rencontre nationale, mais seulement selon des modalités qu’il entend lui-même contrôler. Ce refus d’un véritable débat ouvert aggrave le sentiment d’exclusion et de méfiance.
Le scénario centrafricain n’est malheureusement pas isolé. Au Rwanda, au Congo-Brazzaville, en Guinée ou encore au Tchad, des révisions constitutionnelles ont servi à légitimer des prolongations de pouvoir. Ces procédés affaiblissent les démocraties africaines, minent la confiance des populations, et jettent le discrédit sur les institutions. Touadéra, en embrassant cette logique, s’inscrit dans une lignée de dirigeants qui ont préféré s’arroger un mandat de plus plutôt que de préparer une relève démocratique.
La République centrafricaine mérite mieux que ce recyclage autoritaire masqué sous un vernis constitutionnel. La paix véritable ne peut s’installer que sur la base d’un dialogue sincère, d’un respect des engagements pris, et d’une alternance politique réelle. Faustin-Archange Touadéra avait la possibilité d’entrer dans l’histoire comme un homme d’État de transition. Il risque désormais de n’en sortir que comme un dirigeant de plus, happé par l’ivresse du pouvoir.
À l’heure du choix, le peuple centrafricain et la communauté internationale doivent refuser la banalisation de ce glissement dangereux. Le pouvoir ne doit pas devenir une carrière à vie, mais un service limité dans le temps.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Françoise.
Mis en ligne : 06/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





