Dans un quartier tranquille de Dakar, Aïcha (prénom modifié), la trentaine passée, vit une situation que beaucoup de femmes taisent par peur du regard des autres ou pour préserver l’image du couple. Mariée depuis neuf ans, mère de deux enfants, elle raconte une douleur sourde qui la ronge : les comparaisons incessantes de son mari avec une autre femme sa maîtresse.
« Il me dit que je ne sais pas m’habiller, que je suis trop simple, que je devrais prendre exemple sur Nafi. Mais je ne connais que ce prénom. Je n’ai jamais vu cette femme. »
C’est avec ces mots pleins de tristesse qu’Aïcha débute son récit. Depuis quelque temps, son époux semble avoir changé. Plus distant, plus critique. Et surtout, il a cessé de dissimuler sa liaison.
Dans une société sénégalaise où le mariage est perçu comme un accomplissement, beaucoup de femmes gardent le silence face aux humiliations. « On nous apprend à endurer, à patienter pour le bien du foyer », soupire-t-elle. Mais à quel prix ? Se sentir constamment rabaissée, remise en question, comparée à une autre, peut éroder l’estime de soi jusqu’à la faire disparaître.
Le problème ici ne réside pas uniquement dans l’infidélité aussi destructrice soit-elle mais dans l’acte cruel de comparaison. Ce geste, souvent banalisé, est une forme de violence psychologique. Et au Sénégal, comme ailleurs, cette forme d’abus est encore largement ignorée ou minimisée.
Aïssatou explique qu’au début de leur mariage, son mari était attentionné. « Il aimait mes plats, il disait que j’étais belle même sans maquillage. » Mais aujourd’hui, chaque geste semble épié, chaque défaut pointé du doigt. Elle en est venue à douter d’elle-même, à se remettre en question, à penser qu’elle n’était peut-être pas assez.
« Il dit que Nafi, elle, ne crie jamais. Elle sait parler doucement. Elle s’habille bien. »
Des remarques qui blessent profondément. Car au-delà de la trahison, c’est la perte de respect qui fait le plus mal.
Aujourd’hui, Aïcha ose parler. Elle ne veut pas se poser en victime, mais en femme consciente de sa valeur. « Je ne veux plus subir. Je ne suis pas une copie à améliorer, ni un brouillon. » Elle a commencé à consulter une conseillère conjugale et envisage une séparation si la situation ne change pas. Elle refuse que ses enfants grandissent dans un foyer où leur mère est rabaissée.
À travers son témoignage, elle souhaite envoyer un message fort à toutes les femmes qui vivent la même chose dans le silence : « Ce n’est pas normal. Ce n’est pas de l’amour. Si ton mari te compare à une autre, ce n’est pas toi le problème. »
Dans une société où le statut matrimonial est parfois sacralisé au détriment de la dignité humaine, des voix comme celle d’Aïcha méritent d’être entendues. Pour rappeler que l’amour, le vrai, ne blesse pas. Il élève. Il respecte.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 06/08/2025
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