Quand le respect des marabouts tue : L’affaire qui secoue Bambilor - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 06/08/2025 09:08:15

Quand le respect des marabouts tue : L’affaire qui secoue Bambilor

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

L’affaire Serigne Issa Touré, ce marabout retrouvé mort dans un puits à Bambilor alors qu’il était activement recherché pour des accusations graves de viols, détournement de mineurs et actes contre-nature, met une fois de plus à nu les dérives scandaleuses tolérées sous le couvert de la religion. Alors que l’identité du corps a été confirmée, et que ses fidèles tentaient une inhumation discrète, ce drame n’est pas un accident isolé : c’est le résultat d’un laxisme coupable face à des imposteurs qui usurpent la spiritualité pour assouvir leurs instincts les plus bas.

Depuis plusieurs années, la société sénégalaise est témoin d’un phénomène inquiétant : l’ascension de personnages autoproclamés « marabouts » ou « guides », qui se forgent une autorité sociale et religieuse inébranlable, sans aucun contrôle. Dans cette dynamique, certains s’éloignent des valeurs de l’islam pour mieux manipuler, dominer et parfois abuser de leurs disciples, en toute impunité. Le cas de Serigne Issa Touré n’est que l’exemple le plus récent et le plus macabre d’un système trop longtemps toléré.

Les accusations qui pesaient sur Serigne Issa Touré étaient d’une extrême gravité. Détournement de mineurs, viols, actes contre-nature : si ces faits s’avèrent fondés, il aurait dû répondre de ses actes devant la justice. Mais au lieu de cela, il disparaît mystérieusement pour être retrouvé mort, des semaines plus tard, dans un puits. Des disciples choqués ? Peut-être. Mais leur tentative de l’inhumer en secret soulève de sérieuses questions sur la complicité passive, voire active, de certains membres de son entourage. Ce n’est pas la première fois qu’un marabout suspecté d’actes répréhensibles est défendu bec et ongles par ses fidèles, comme si la foi devait absoudre l’horreur.

La société est complice par son silence : Tout le monde « savait » ou « avait entendu », mais personne n’a osé parler. Par peur. Par respect mal placé. Par fatalisme.

Les autorités religieuses manquent de courage : Peu dénoncent publiquement ces imposteurs, préférant laver leur linge sale en famille. Mais à quel prix ?

L’État se montre démissionnaire : Pourquoi n’existe-t-il pas un mécanisme clair de surveillance et de signalement des abus dans les foyers religieux ? Pourquoi tant de lenteurs lorsqu’il s’agit d’enquêter sur ces soi-disant marabouts ?

La justice agit trop tard : Lorsqu’elle intervient enfin, le mal est déjà fait. Les victimes sont traumatisées, et les coupables inaccessibles morts ou disparus.

Des cas similaires ont déjà secoué le Sénégal : marabouts arrêtés pour pédophilie, proxénétisme, extorsion de fonds. Le phénomène n’est pas nouveau. En Gambie, Yahya Jammeh lui-même, sous couvert de guérison mystique, a abusé de nombreuses femmes. En Côte d’Ivoire, des « pasteurs » ont été traduits en justice pour viols sous emprise spirituelle. Partout en Afrique de l’Ouest, la foi est instrumentalisée pour mieux dominer les plus vulnérables.

Dans des pays comme le Maroc ou la Tunisie, des réformes ont été entamées pour encadrer les pratiques religieuses, avec des registres officiels d’imams, des sanctions pour les abus, et une surveillance renforcée. Pourquoi pas au Sénégal ? La foi ne doit jamais être un bouclier pour les prédateurs.

Le cas de Serigne Issa Touré est tragique, mais il doit servir d’électrochoc. Trop d’hommes et de femmes ont été détruits par ceux qui prétendaient les rapprocher de Dieu. Il devient urgent de briser l’omerta, de réclamer des enquêtes rigoureuses, de soutenir les victimes, et surtout de cesser de couvrir les monstres sous les habits de saints. La spiritualité ne peut être l’asile des prédateurs.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 06/08/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top