Quatre hectares pour un seul homme : L’injustice prend le dessus à Rufisque - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 07/08/2025 03:08:30

Quatre hectares pour un seul homme : L’injustice prend le dessus à Rufisque

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Depuis l’intervention brutale du 23 juillet dernier, menée par l’homme d’affaires Mbackiyou Faye avec l’appui d’un détachement de gendarmerie à Diorga Montagne (Rufisque Nord), un malaise profond secoue ce paisible quartier. L’article factuel relate les événements récents : une tentative musclée de déguerpissement, un quartier en colère, et une population résolue à défendre ses droits.

Le litige porte sur un terrain de quatre hectares. Les habitants, installés légalement depuis des années, affirment avoir acquis leurs parcelles auprès d’un proche de l’ancien président Léopold Sédar Senghor. Aujourd’hui, ils sont menacés d’expulsion par un promoteur immobilier appuyé par les forces de l’ordre. Le scénario est tristement familier : des citoyens ordinaires, souvent sans grands moyens, se retrouvent dépossédés au profit d’intérêts privés soutenus, en silence ou activement, par certaines autorités.

L’entrée sur le terrain de la gendarmerie aux côtés de Mbackiyou Faye est inacceptable. Qu’un homme d’affaires puisse faire appel à la force publique pour tenter de s’emparer d’un terrain en litige, sans décision de justice claire et définitive, est un déni de l’État de droit. L’État, censé garantir la paix et la sécurité des citoyens, devient ici l’instrument d’une violence sociale déguisée en légalité.

Les sommations délivrées par huissier n’ont été ni précédées d’un dialogue sincère, ni accompagnées d’un effort d’apaisement. La réponse des résidents, qui ont opposé une résistance citoyenne, n’est pas de l’insubordination. C’est un réflexe légitime face à une tentative d’expropriation qu’ils jugent illégale et injuste.

Ce qui se passe à Diorga Montagne n’est pas un cas isolé. Au Sénégal, les conflits fonciers sont en hausse. À Bambilor, à Tivaouane Peulh ou encore à Mbao, des citoyens ont été expulsés dans des conditions similaires, parfois avec perte totale de leurs biens. Ces situations soulignent un mal chronique : le manque de transparence dans la gestion du foncier et l’opacité des titres de propriété. La spéculation foncière, encouragée par des acteurs puissants, prospère au détriment des populations les plus vulnérables.

Le rôle de l’État ne peut se limiter à suspendre temporairement les opérations. Il doit trancher de façon claire, impartiale et transparente. La paix sociale en dépend. La population de Diorga Montagne n’a pas simplement besoin de répit ; elle a droit à la justice, au respect de sa dignité et à la reconnaissance de sa citoyenneté.

Le silence ou l’attentisme des autorités équivaut à une complicité passive. Il faut que l’État reprenne le contrôle et réaffirme que personne, pas même un homme d’affaires influent, ne peut s’imposer par la force ou l’intimidation.

Nous appelons les autorités centrales à se saisir de ce dossier avec responsabilité, à suspendre toute tentative d’éviction tant que la légalité des titres n’est pas établie de manière indiscutable, et à sanctionner toute utilisation abusive de la force publique. Il faut mettre fin à ces pratiques d’un autre âge où le pouvoir achète le droit et où le citoyen n’est plus que spectateur de son propre effacement.

À Diorga Montagne, ce n’est pas seulement une affaire de terre. C’est une question de justice, de respect, et de dignité humaine.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Matar Dionne.
Mis en ligne : 08/08/2025

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