Ça a commencé par une gifle : Le lourd secret que j’ai porté - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 09/08/2025 10:08:30

Ça a commencé par une gifle : Le lourd secret que j’ai porté

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Je n’ai jamais pensé que je me retrouverais à écrire ces mots. Moi, une femme forte, entourée de proches bienveillants, instruite et indépendante, je me croyais à l’abri de ce genre d’histoire. Mais la gifle est arrivée. Une, brutale, cinglante. Elle m’a non seulement fait mal physiquement, mais elle a surtout brisé quelque chose de profond en moi.

Tout a commencé comme dans les histoires classiques. Nous nous sommes rencontrés à l’université, jeunes et passionnés. Il était attentionné, intelligent, et il avait ce charisme tranquille que beaucoup lui enviaient. Nos débuts étaient presque parfaits. Mais avec le temps, des fissures sont apparues. Petites au début : des remarques blessantes, des crises de jalousie sans raison, une volonté de contrôle déguisée en protection.

Au Sénégal, la société accorde souvent au couple une forme de sacralité. « Ku rëy jàppale ko » (il faut soutenir l’homme même s’il est dur), entend-on souvent. On nous enseigne à tolérer, à supporter. Alors je me suis tue. J’ai cru que c’était passager. J’ai justifié ses excès par la fatigue, le stress, ou même… l’amour.

Mais ce soir-là, la gifle est tombée. Un mot de trop, une dispute banale, et mon visage a encaissé ce que mon cœur refusait de voir : je vivais avec quelqu’un qui croyait que me frapper pouvait être une réponse. À ce moment précis, j’ai compris que le silence ne me protégerait plus.

Je me suis sentie humiliée. Pas seulement à cause du geste, mais à cause de cette honte qui ronge : que vont dire les gens ? Vais-je être entendue ? Ici, au Sénégal, trop de femmes vivent cette réalité dans l’ombre. La peur du jugement social, le manque de soutien institutionnel, ou la dépendance économique les condamnent souvent à l’inaction.

Pourtant, ce n’est pas une fatalité. J’ai décidé de parler. À ma famille d’abord. Puis à une association locale qui soutient les femmes victimes de violences conjugales. Ce fut le début d’un long processus, entre thérapie, reconstruction de l’estime de soi, et démarches administratives. Mais je me suis relevée. Lentement.

Je partage mon histoire aujourd’hui pour celles qui n’osent pas encore. Une gifle n’est pas un signe d’amour. Ce n’est pas une erreur pardonnable si elle s’inscrit dans un schéma de domination. Ce n’est pas culturel. Ce n’est pas religieux. C’est une violence, point.

Je veux dire à toutes celles qui lisent ceci : vous méritez mieux. Le respect ne se négocie pas. Il ne se demande pas en pleurant. Il s’impose en posant des limites, en se retirant quand c’est nécessaire, en refusant la honte.

Aujourd’hui, je vais mieux. Je ne suis plus dans la peur. J’ai repris mes études, j’ai retrouvé la joie. Et même si la cicatrice intérieure est encore là, je la porte avec dignité. Parce que j’ai survécu. Parce que j’ai parlé. Parce que je suis libre.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 09/08/2025

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