L’heure n’est plus au silence : Des vies sont en jeu - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 09/08/2025 01:08:00

L’heure n’est plus au silence : Des vies sont en jeu

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Lundi dernier, une attaque sanglante a visé la base militaire de Dargo, dans la province de Boulsa, au nord du Burkina Faso. Selon plusieurs témoignages recueillis mardi, près d’une cinquantaine de soldats ont perdu la vie, massacrés par une centaine de combattants armés, soupçonnés d’appartenir au groupe jihadiste Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM). Le gouvernement militaire, silencieux pour l’instant, n’a pas encore confirmé l’attaque. L’État burkinabé échoue dramatiquement dans sa mission première, assurer la sécurité de son territoire et de ses citoyens. Le Burkina Faso est aujourd’hui un pays assiégé. Depuis plusieurs années, la progression des groupes jihadistes au Sahel a transformé le pays en un théâtre d’insécurité permanente. Deux coups d’État, en moins d’un an, n’ont pas permis d’inverser la tendance.

Bien au contraire, malgré les promesses du capitaine Ibrahim Traoré, la situation sécuritaire se détériore et les pertes humaines s’accumulent.

L’attaque de Dargo ne fait qu’illustrer l’état de délabrement avancé des capacités militaires du pays. Comment expliquer qu’un groupe aussi structuré que le JNIM puisse mobiliser une centaine d’hommes armés, attaquer une base militaire, y semer la mort, la piller et l’incendier, sans rencontrer de résistance significative ? La réponse est simple : les forces de défense burkinabè sont débordées, sous-équipées, mal coordonnées et parfois démoralisées. Les officiers comme les soldats de terrain manquent cruellement de soutien, tant logistique que stratégique.

En réalité, les jihadistes prospèrent sur les failles béantes de l’État. Ils exploitent l’absence de présence gouvernementale dans les régions rurales, instrumentalisent les frustrations sociales, économiques et ethniques, et imposent leur loi dans les zones délaissées par Ouagadougou. Le JNIM, affilié à Al-Qaïda, est devenu un acteur local influent, voire une alternative à l’État dans certaines régions.

Cette situation n’est pas propre au Burkina Faso. Le Mali, qui a également connu des coups d’État militaires, a vu s’installer un désordre similaire. Là aussi, des promesses fermes de reconquête territoriale ont laissé place à une réalité marquée par la perte de contrôle de vastes régions. Au Nigeria, la lutte contre Boko Haram révèle les mêmes travers : corruption, manque de coordination, inefficacité stratégique.

L’échec est d’autant plus criant que les États de la région ont bénéficié d’un appui international considérable ces dernières années : formation des soldats, assistance logistique, renseignements, armements. Mais faute de gouvernance stable, de politiques inclusives et d’une stratégie cohérente à long terme, tous ces efforts n’ont que très peu d’impact durable.

Il faut donc cesser de glorifier les prises de pouvoir militaires au nom d’une prétendue efficacité sécuritaire. La militarisation de la gouvernance n’a pas apporté la paix. Elle a fragilisé davantage les institutions, accentué la défiance populaire et donné aux jihadistes un terrain encore plus fertile.

Si rien n’est fait pour repenser entièrement la stratégie de lutte contre le terrorisme, en y intégrant le développement local, la justice sociale, la gouvernance démocratique et la coopération régionale, le Burkina Faso, comme d’autres pays du Sahel, continuera de s’enfoncer dans le chaos.

Il faut exiger des gouvernements africains qu’ils reprennent la voie de la légitimité démocratique, qu’ils renforcent l’État de droit et qu’ils engagent une guerre totale contre les causes profondes du terrorisme. Le silence, l’attentisme ou le déni ne sont plus permis : l’avenir de millions de vies en dépend.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Julien Mendy.
Mis en ligne : 08/08/2025

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