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Dans une publication relayée par l’Agence de presse sénégalaise (APS), le Premier ministre Ousmane Sonko aurait annoncé un remaniement ministériel imminent. Or, cette information fut démentie quelques heures plus tard, l’APS s’étant appuyée sur une mauvaise interprétation des propos du chef du gouvernement.
Si l’incident a été suivi d’excuses officielles, il soulève des interrogations plus profondes sur le sérieux et les méthodes des médias publics.
L’APS est depuis plus de soixante ans l’une des principales références de l’information au Sénégal. Agence d’État, elle est censée garantir une information fiable, neutre et vérifiée. Dans un contexte politique tendu où chaque mot d’un dirigeant est scruté, une information mal relayée peut avoir des répercussions considérables, nourrissant la rumeur, la spéculation, voire la manipulation politique. Le sujet du remaniement gouvernemental étant particulièrement sensible, la moindre approximation devient explosive.
La version initiale de l’article mentionnait une déclaration du Premier ministre sur un remaniement « imminent », information que ce dernier n’a pourtant jamais confirmée officiellement. La rédaction a admis avoir mal interprété ses propos, s’appuyant sur la réputation d’un journaliste expérimenté. Une confiance aveugle qui traduit un problème structurel : la dépendance à l’autorité individuelle plutôt qu’au processus éditorial collectif.
Le journal L’As a justement souligné le manque de prudence dans la lecture des déclarations du Premier ministre. Mais au-delà de cette maladresse ponctuelle, ce qui choque, c’est l’absence de mécanismes de validation, de relecture critique, et surtout de contextualisation. L’APS n’a pas jugé utile de croiser ses sources, ni de prendre le recul nécessaire face à un sujet politiquement brûlant.
Précipitation au détriment de la vérification, dans une agence publique, chaque information doit passer un filtre rigoureux. Ici, l’empressement a primé sur la rigueur.
Défaillance des protocoles rédactionnels, une erreur de cette nature ne devrait pas dépendre du seul jugement d’un reporter, aussi compétent soit-il.
Manque de contextualisation, l’interprétation des propos d’un haut responsable exige une mise en perspective politique et sémantique. Cette étape a manifestement été négligée.
L’APS se vante de six décennies d’existence, mais la confiance ne repose pas sur l’ancienneté, elle se gagne par la constance dans la qualité.
À l’international, des agences comme l’AFP ou Reuters appliquent des protocoles stricts avant publication, surtout sur les sujets gouvernementaux. Au Nigeria, en 2021, l’agence NAN (équivalent de l’APS) a dû réformer ses pratiques éditoriales après une série d’erreurs similaires. Ce précédent montre que ce type de faute est évitable lorsque les rédactions se dotent d’outils de contrôle adéquats.
Cette « erreur d’interprétation » n’est pas anodine. Elle révèle un malaise profond dans les pratiques journalistiques des organes publics : manque de vérification, absence de prudence, et culture du copier-coller des discours officiels sans analyse critique. L’APS doit sortir de cette zone de confort. Car en matière d’information institutionnelle, le droit à l’erreur est limité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fallou Fall.
Mis en ligne : 09/08/2025
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