Et si le vrai problème, c’était le gouvernement ? : Improvisation politique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 10/08/2025 12:08:00

Et si le vrai problème, c’était le gouvernement ? : Improvisation politique

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Le 1er août 2025, Ousmane Sonko a présenté, au Grand Théâtre de Dakar, un ambitieux plan national de redressement économique et social. Adopté en Conseil des ministres quelques jours auparavant, ce programme entend relancer une économie sénégalaise mal en point, sans recourir à l’aide du FMI. Si l’annonce a suscité des applaudissements dans les rangs de ses partisans, elle mérite, à bien des égards, une lecture critique.

Derrière la rhétorique souverainiste affichée se cache en réalité une réponse précipitée aux conséquences d’une mauvaise gestion politique et économique de ces derniers mois.

Certes, la situation économique actuelle est préoccupante : déficit à 14 %, dette publique à 119 %, et absence de confiance des marchés internationaux. Mais il serait intellectuellement malhonnête d’attribuer l’ensemble de ces déséquilibres au régime précédent. Car si les finances publiques étaient déjà sous tension, c’est bien après l’arrivée au pouvoir du duo Diomaye-Sonko, au premier semestre 2024, que la note du Sénégal a été continuellement dégradée. Cela a coïncidé avec des discours anxiogènes, une rupture brutale avec les partenaires financiers traditionnels, et des décisions idéologiques peu rassurantes pour les investisseurs.

Le cœur du plan repose sur une intensification de la fiscalité : taxation des jeux de hasard, du mobile money, du tabac, instauration de visas payants pour les non-Africains. Cette approche, loin d’être innovante, risque de frapper encore plus durement les classes moyennes et populaires déjà asphyxiées par l’inflation. Et prétendre que cette politique fiscale est un levier de souveraineté revient à maquiller une situation de contrainte en choix idéologique. Si la souveraineté signifie appauvrir son peuple au nom de l’indépendance financière, il s’agit alors d’une souveraineté de façade.

Une question s’impose : si le régime hérité était si catastrophique, pourquoi avoir attendu plus d’un an avant de proposer un tel plan ? Où étaient les solutions promises durant la campagne ? Pourquoi n’avoir pas entamé immédiatement les réformes structurelles et budgétaires urgentes dès avril 2024 ? La vérité est crue mais simple : Ousmane Sonko et son gouvernement ont surestimé leur capacité à mobiliser des financements alternatifs. Après avoir rompu avec le FMI et refroidi les investisseurs étrangers, les caisses se sont vidées. Faute de ressources extérieures, il faut maintenant se tourner vers les Sénégalais eux-mêmes pour boucler les budgets.

Des pays comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire, confrontés à des difficultés similaires, ont adopté des approches moins dogmatiques, combinant rigueur budgétaire, réformes structurelles et négociations avec les bailleurs. Ils n’ont pas renié l’aide du FMI, mais ont cherché à en faire un levier de stabilisation, le temps de bâtir une base économique solide. À l’inverse, le Sénégal semble aujourd’hui isolé, prisonnier d’une logique populiste et impréparée.

Ce plan de redressement, tel que présenté, apparaît davantage comme une opération de communication que comme une réponse lucide et courageuse à une crise profonde. Il est le reflet d’une gouvernance qui, au lieu d’assumer ses erreurs, cherche à faire porter le fardeau à ceux-là mêmes qu’elle prétend libérer. Faire payer plus à un peuple déjà éprouvé n’est pas un projet de société. C’est un aveu d’impuissance. Et si les autorités actuelles persistent dans cette voie, elles devront assumer les conséquences d’un réveil économique encore plus douloureux que prévu.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 10/08/2025

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