Il punit ceux qui le servent : L’État aggrave la situation - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 10/08/2025 01:08:50

Il punit ceux qui le servent : L’État aggrave la situation

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

Cette semaine, des retards de salaire ont touché les agents de la justice sénégalaise, qu’ils soient grévistes ou non. Officiellement, ce dysfonctionnement serait lié à un retard dans la transmission des listes des grévistes au ministère de la Justice. Si ce constat factuel a été relayé dans la presse, il soulève néanmoins une série de préoccupations plus profondes. Ces retards sont inacceptables et constituent une violation flagrante des droits fondamentaux des travailleurs.

Depuis plusieurs semaines, le secteur de la justice sénégalaise est secoué par une grève des agents regroupés au sein de l’Entente SYTJUST-UNTJ. Les revendications sont claires : reclassement, équité salariale, et reconnaissance des qualifications. Malgré plusieurs rounds de négociation, les engagements pris tardent à se concrétiser. Dans ce climat tendu, la survenue de retards dans le paiement des salaires vient jeter de l’huile sur le feu.

Selon les informations disponibles, le recensement des grévistes a connu un décalage : les listes n’ont été transmises que le 25 juillet, bien après l’édition des bulletins de paie. À cela s’ajoutent des omissions et priorisations injustifiées dans le traitement des dossiers. Pendant ce temps, les agents, y compris ceux non concernés par la grève, attendent leur salaire, alors même que les fonds sont disponibles dans les banques depuis plusieurs jours. Ces irrégularités administratives témoignent d’un manque criant de rigueur et de respect envers ceux qui font fonctionner l’appareil judiciaire du pays.

Le droit au salaire est un droit fondamental. Retarder son paiement, sans transparence ni préavis, s’apparente à une atteinte à la dignité humaine. Il s’agit non seulement d’un manquement administratif, mais aussi d’une injustice sociale majeure.

La grève est un droit garanti par la Constitution. Utiliser le levier du salaire comme moyen de pression ou de punition revient à criminaliser une action syndicale légitime. C’est une forme de répression inacceptable dans un État de droit.

La hiérarchisation du traitement des dossiers selon l’« assiduité » des agents, comme le révèlent certaines sources, est injuste. Elle crée des tensions inutiles entre collègues, brise l’esprit de solidarité et installe la défiance.

Des situations similaires ont été observées dans d’autres pays africains, comme au Nigeria ou en Côte d’Ivoire, où les retards de salaire dans la fonction publique ont souvent conduit à des mouvements sociaux de grande ampleur. À chaque fois, ces retards ont été interprétés comme des attaques directes contre les droits syndicaux, provoquant une escalade des tensions. Le Sénégal ne peut pas se permettre de suivre le même chemin.

Le paiement régulier et ponctuel du salaire est un pilier de la dignité du travailleur. Retarder ce versement, surtout dans un contexte de crise, revient à l’humilier, à compromettre la stabilité de son foyer, à l’exposer à l’endettement et à la précarité. Cela revient aussi à fragiliser un pilier central de la République : la justice. Comment demander à ces agents d’assurer l’équité et le respect des lois quand l’État lui-même manque à ses obligations les plus élémentaires ?

Ce qui s’est passé cette semaine dépasse le simple cadre d’un dysfonctionnement administratif. Il s’agit d’une atteinte aux droits des travailleurs, d’une tentative de dissuasion à peine voilée, d’un mépris affiché envers ceux qui servent l’État. Le gouvernement sénégalais doit prendre ses responsabilités : régulariser immédiatement les salaires dus, garantir la transparence dans le traitement des fonctionnaires, et surtout respecter la légitimité de la grève.

Cessons de banaliser les injustices. Les citoyens, les syndicats, les défenseurs des droits humains et la société civile doivent se mobiliser. Ne laissons pas passer ce signal dangereux : le travailleur mérite respect, considération et justice, surtout de la part de l’État.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 08/08/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top