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Le Premier ministre a récemment présenté ce qu’il qualifie de plan de redressement économique devant une audience rassemblée au Grand Théâtre. Si cette intervention se voulait ambitieuse et mobilisatrice, elle a reçu une volée de critiques, notamment de la part du député Abdou Mbow, qui n’y voit qu’un enchaînement de mesures fiscales sans vision stratégique.
Et à juste titre : ce soi-disant plan de relance ressemble bien davantage à un piège fiscal qu’à une relance réelle. Ce gouvernement semble confondre mobilisation des ressources et assèchement des forces productives.
Dans un contexte économique fragile, où l’inflation pèse lourdement sur les ménages, le chômage touche particulièrement les jeunes, et les entreprises peinent à se relever, le Sénégal avait besoin d’un cap clair, fondé sur la création de richesses. Le moment était venu pour l’État de restaurer la confiance et de soutenir l’économie réelle. Or, à l’annonce du plan gouvernemental, ce sont surtout les mots « fiscalité », « imposition », « élargissement de l’assiette » qui ont dominé le discours.
Le cœur du discours du Premier ministre repose sur un postulat erroné : que le salut économique viendrait d’un renforcement de la collecte fiscale. Or, dans une économie atone, taxer davantage revient à écraser ce qui reste encore debout. Il n’y a eu aucune mention claire d’un plan de soutien à la production nationale, pas de feuille de route pour stimuler l’investissement privé, ni de réforme structurelle sur l’emploi des jeunes. Le gouvernement semble enfermé dans une logique administrative de contrôle plutôt que dans une logique économique de croissance.
D’abord, l’absence de mesures incitatives pour les entreprises est frappante. Aucun crédit d’impôt, aucune politique d’accompagnement des PME, aucun soutien ciblé à l’industrie ou à l’agriculture. Ensuite, l’emploi des jeunes, pourtant présenté comme une priorité nationale, est resté un vœu pieux. Sans programme ambitieux de formation et d’insertion, cette frange majeure de la population restera marginalisée. Enfin, la sur-fiscalisation, notamment sur les plateformes numériques, risque d’accroître la fracture digitale et de pénaliser les usages émergents, pourtant porteurs de croissance.
D’autres pays africains, confrontés à des défis similaires, ont su éviter cet écueil. Le Rwanda, par exemple, a misé sur l’innovation, la simplification fiscale, l’accompagnement des start-ups, et a vu son climat des affaires s’améliorer. Le Maroc, dans sa relance post-Covid, a opté pour un plan d’investissement massif, et non pour une chasse aux recettes fiscales immédiates. À l’inverse, les expériences où l’État a privilégié la taxation sans production comme en Égypte sous Moubarak ont abouti à une instabilité sociale prolongée.
Le plan présenté par Ousmane Sonko semble ignorer les leçons de l’économie réelle. On ne redresse pas un pays à coup de taxes. On le redresse en produisant, en employant, en rétablissant la confiance. Ce plan manque d’âme, de souffle, et surtout de moteur.
Le gouvernement doit écouter le terrain, les entrepreneurs, les jeunes, les producteurs. Il doit revoir sa copie et bâtir une politique fondée sur l’emploi, l’investissement productif, et la compétitivité. Ce n’est qu’à cette condition que le Sénégal pourra espérer un redressement durable et inclusif.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fallou Fall.
Mis en ligne : 10/08/2025
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