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Le dernier classement du Chandler Institute of Governance, relayé par l’agence Ecofin, place le Sénégal en tête de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en matière d’efficacité gouvernementale, et à la 8e place sur le continent africain. À première vue, ce résultat semble prometteur. Mais derrière cette reconnaissance internationale se cache une réalité bien plus nuancée.
Le rapport salue les avancées du Sénégal en matière de digitalisation, de lutte contre la corruption et de réforme du secteur public. Des mots forts, souvent repris dans les discours officiels et les documents stratégiques. Pourtant, il est permis de douter de la profondeur de ces transformations. Si le Sénégal brille sur le papier, qu’en est-il de la qualité des services publics que reçoivent les citoyens ? De l’accès à la justice, à l’éducation, à la santé ou à l’eau potable dans les zones rurales ? La gouvernance ne se mesure pas seulement à travers des indicateurs techniques, mais surtout à travers l’amélioration tangible des conditions de vie.
La digitalisation de l’administration est souvent mise en avant comme un levier de modernisation. Toutefois, dans de nombreuses structures étatiques, cette digitalisation reste partielle, lente et mal intégrée. Les plateformes administratives souffrent de bugs fréquents, d’un manque de personnel formé et d’une faible couverture nationale. Par exemple, le processus d’enregistrement des entreprises reste lourd et bureaucratique, malgré les annonces de simplification.
Le rapport évoque une amélioration dans la lutte contre la corruption. Pourtant, plusieurs affaires récentes contredisent cette image. Des scandales de détournements de fonds publics, de passations de marchés opaques, ou encore d’enrichissements suspects de certains responsables publics alimentent régulièrement les colonnes de la presse. La Cour des comptes, dans ses rapports annuels, continue de pointer de graves irrégularités financières sans que des sanctions significatives ne soient prises. La culture de l’impunité demeure largement enracinée.
Les réformes du secteur public, bien que mentionnées, n’ont pas encore permis une transformation notable du service public. Les hôpitaux restent sous-équipés, les écoles manquent de moyens, et l’administration est toujours minée par le favoritisme, la lenteur et la désorganisation. Pour les citoyens, obtenir un simple extrait de naissance ou un rendez-vous dans un service public reste un parcours du combattant. Il est donc difficile de parler d’efficacité gouvernementale quand les usagers ne perçoivent pas d’amélioration réelle.
Placer le Sénégal devant la Côte d’Ivoire ou le Bénin peut sembler flatteur, mais ne reflète pas toujours la complexité des contextes. Ces pays, bien que confrontés à leurs propres défis, enregistrent des avancées visibles dans des secteurs clefs comme les infrastructures, l’entrepreneuriat ou la gestion urbaine. À titre d’exemple, la Côte d’Ivoire a mis en place une plateforme numérique de suivi des grands projets bien plus opérationnelle que les outils similaires au Sénégal.
On doit dépasser la logique des classements pour se concentrer sur les résultats concrets. Une gouvernance efficace ne se juge pas seulement à travers des rapports d’experts, mais surtout à travers la perception des populations. Le gouvernement sénégalais doit aller au-delà des réformes de façade et investir dans une transformation profonde des institutions, centrée sur l’humain.
Il faut que les autorités sénégalaises écoutent davantage les citoyens que les agences de notation. Car ce n’est pas un classement qui soigne un patient, forme un élève ou protège un agriculteur… mais des actes concrets, visibles et durables.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Souleymane G.
Mis en ligne : 11/08/2025
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