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Dans un discours tenu à l’occasion du lancement de l’Agenda national de transformation du service public, le Premier ministre Ousmane Sonko a vertement dénoncé l’enrichissement illicite dans l’administration sénégalaise. Il a appelé les agents publics à un sursaut éthique et déclaré qu’on ne peut pas devenir milliardaire uniquement grâce à un salaire de fonctionnaire.
Si cette posture semble louable à première vue, elle suscite des réserves : avant de donner des leçons de morale et d’intégrité, ne faudrait-il pas commencer par montrer l’exemple ? La première exigence éthique d’un haut responsable public devrait être la publication de son propre patrimoine.
Depuis plusieurs années, le discours politique au Sénégal, notamment sous l’impulsion d’Ousmane Sonko, s’est recentré sur la lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance. Cette ligne politique trouve un écho favorable auprès d’une population exaspérée par les scandales à répétition. Toutefois, cette exigence morale ne saurait être à sens unique. Dans un contexte où la confiance entre gouvernants et gouvernés reste fragile, la transparence doit être totale y compris, et surtout, au sommet de l’État.
Le discours du Premier ministre interpelle : il critique un système où des fonctionnaires accumulent des fortunes suspectes, sans pour autant fournir lui-même l’exemple d’une gestion ouverte et transparente de ses biens. Or, la crédibilité d’un appel à l’éthique repose d’abord sur la cohérence entre les paroles et les actes.
À ce jour, ni Ousmane Sonko ni plusieurs autres membres du gouvernement n’ont publiquement détaillé l’état de leur patrimoine, comme le permet la législation actuelle. Cela entretient un flou regrettable. Peut-on, dans ces conditions, dénoncer l’enrichissement illégal sans apparaître sélectif dans sa rigueur morale ?
L’exemplarité commence au sommet, la publication du patrimoine des dirigeants est une pratique courante dans les démocraties avancées. Elle permet de prévenir les conflits d’intérêts, d’assurer la transparence et de crédibiliser toute démarche de lutte contre la corruption.
Être fonctionnaire et riche n’est pas un crime, certains hauts fonctionnaires, notamment dans les institutions internationales, perçoivent des revenus élevés. Le problème n’est donc pas d’avoir de l’argent, mais de ne pas justifier sa provenance.
La confiance citoyenne est conditionnée à la transparence, comment rétablir la confiance entre les citoyens et l’État si ceux qui gouvernent ne montrent pas eux-mêmes patte blanche ?
Deux poids, deux mesures, exiger la vertu des autres tout en se soustrayant à l’obligation de redevabilité crée une dissonance. L’exigence morale ne peut pas être à géométrie variable.
Dans des pays comme le Rwanda, le Ghana ou même la France, la déclaration de patrimoine est non seulement obligatoire mais aussi souvent rendue publique pour certains postes sensibles. Ce mécanisme permet aux citoyens de vérifier si l’enrichissement est proportionnel au parcours professionnel du responsable. Pourquoi le Sénégal, qui se veut à l’avant-garde de la refondation éthique, ne s’astreint-il pas à la même discipline ?
Le discours d’Ousmane Sonko sur la moralisation de la vie publique peut séduire sur la forme, mais il manque de substance si ses propres pratiques ne sont pas irréprochables. Avant de dénoncer les abus des autres, il doit s’appliquer à lui-même les principes qu’il proclame. La publication de son patrimoine serait un acte fort, symbolique et fondateur d’une nouvelle ère de transparence. Car la morale ne se proclame pas, elle se prouve.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 11/08/2025
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