Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Mansour Faye, maire de Saint-Louis et ancien ministre sous la présidence de Macky Sall, est actuellement incarcéré à la prison de Rebeuss. Malgré son calme apparent et les soutiens qui affluent en masse, la réalité de sa détention soulève une série de questions dérangeantes. Aucune preuve formelle de surfacturation n’a été établie à son encontre, et les marchés incriminés ont été attribués à l’issue d’appels d’offres transparents. Dès lors, pourquoi maintenir en prison un homme contre lequel rien de concret n’est établi ?
Ce traitement laisse entrevoir une instrumentalisation manifeste de la justice à des fins politiques. Une dérive grave pour tout État qui se veut démocratique.
Depuis l’alternance politique au Sénégal, plusieurs figures de l’ancien régime font l’objet de poursuites judiciaires. Si la lutte contre la corruption est légitime, encore faut-il qu’elle respecte les principes fondamentaux du droit, notamment la présomption d’innocence et le respect de procédures équitables. Dans le cas de Mansour Faye, aucune charge irréfutable n’a été portée à ce jour. Pourtant, il demeure en détention préventive, une situation qui inquiète autant qu’elle interroge.
L’article de Les Échos met en lumière la dignité de l’ancien ministre face à l’adversité. Son calme, sa lucidité et le soutien populaire qu’il suscite témoignent de son enracinement politique. Cependant, au-delà de l’apparente sérénité, il faut s’interroger sur la légitimité même de cette incarcération. Pourquoi un homme dont les marchés ont été passés selon les règles est-il emprisonné sans preuves tangibles de malversation ? Est-ce la rigueur judiciaire ou une volonté politique de disqualifier un adversaire redouté ?
Premièrement, aucune preuve de surfacturation n’a été présentée publiquement, ni par les autorités judiciaires ni par des organes de contrôle indépendants. Deuxièmement, les procédures de passation des marchés incriminés ont suivi les règles établies, ce que personne n’a encore pu contester formellement. Troisièmement, le maintien en détention sans jugement ni chef d’accusation clair fragilise le principe de la présomption d’innocence, pourtant garanti par la Constitution. Enfin, la concentration récente des poursuites sur les figures de l’ancien régime, toutes d’un même bord politique, laisse entrevoir une justice sélective, ce qui est incompatible avec l’équité.
De nombreux juristes sénégalais, à l’instar de Me El Hadji Diouf ou Me Demba Ciré Bathily, ont récemment dénoncé les détentions prolongées sans jugement comme une entorse grave à l’État de droit. Le cas de Mansour Faye rappelle celui de Khalifa Sall en 2017, autre figure politique incarcérée dans des conditions contestées et dont le procès avait été largement perçu comme une manœuvre d’élimination politique.
Dans d’autres contextes africains, comme en Côte d’Ivoire ou au Bénin, l’instrumentalisation de la justice pour affaiblir des adversaires politiques a déjà provoqué de vives tensions sociales et institutionnelles. Le Sénégal, longtemps salué pour la solidité de ses institutions démocratiques, ne peut s’engager sur cette pente sans en payer le prix.
La détention de Mansour Faye, en l’absence de preuves solides, jette une ombre sur les intentions réelles de ceux qui l’orchestrent. Il ne s’agit pas ici de défendre un homme par affinité politique, mais de défendre le droit. La justice ne peut être à géométrie variable selon les régimes ou les couleurs politiques. Maintenir Mansour Faye en prison sans fondement clair revient à pervertir l’idée même de démocratie. Nous réitérons notre appel : qu’il soit jugé s’il existe des preuves, ou libéré sans délai. Car la justice, lorsqu’elle devient un instrument de vengeance politique, cesse d’être juste.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 12/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.




