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À quelques jours de la passation de service présidentielle, l’autorisation d’exploitation minière délivrée dans la commune de Koul a déclenché une vive contestation. Il s’agit d’une décision prise dans un contexte précipité, sans transparence ni respect des règles, et qui a légitimement suscité la colère des populations locales. Cette démarche est non seulement précipitée, mais surtout entachée de graves violations des procédures légales et réglementaires, au détriment des droits des habitants et de leur environnement.
Koul, localité riche d’histoire, est principalement habitée par des agriculteurs et éleveurs qui ont bâti leur développement économique et social autour de la terre. Le permis d’exploitation, délivré le 27 mars 2024 en pleine période de transition politique, concerne une société étrangère, et ce choix soulève un profond malaise. La décision ne semble pas s’être appuyée sur une concertation véritable avec les populations concernées, une étape pourtant fondamentale dans la gestion responsable des ressources naturelles.
Le collectif Samm Sunu Moomeel, par la voix de son président Modou Bousso Diop, dénonce une violation manifeste des règles, notamment l’absence totale de consultation préalable des villageois. Cette omission n’est pas anodine : elle prive les populations de leur droit à l’information et à la participation, des principes essentiels reconnus par notre droit national et les conventions internationales sur l’environnement.
L’article souligne un point crucial : la proximité immédiate du site minier avec des zones d’habitation. La réglementation impose une distance minimale de 500 mètres entre une exploitation minière et les habitations, règle ignorée ici puisque la mine projetée serait située à quelques mètres seulement des maisons. Cette incongruité expose les populations à des risques majeurs sur leur santé et leur cadre de vie, notamment en termes de pollution et de nuisances sonores et visuelles.
En outre, la présence de plus de dix daara (écoles coraniques) dans la zone ciblée, accueillant plus de 500 élèves, souligne la gravité du choix. Ce patrimoine éducatif est un pilier du développement local et ne saurait être compromis par un projet dont les impacts n’ont manifestement pas été pris en compte de façon rigoureuse.
Les habitants voient dans ce projet une menace directe à leurs moyens de subsistance. L’agriculture et l’élevage constituent la base économique de la commune, et leur dégradation aurait des effets dévastateurs à long terme. Le précédent cité par le collectif, où le chef de l’État avait refusé une implantation agricole industrielle dans la même localité, renforce l’impression d’un double standard et d’une incohérence dans la conduite des politiques publiques.
Le recours à une société étrangère pour exploiter ces ressources, sans véritable bénéfice direct pour les populations locales, évoque une forme de « colonisation minière », rappelant des pratiques qui ont longtemps fragilisé nos économies et nos territoires.
Au-delà du mécontentement légitime, le collectif Samm Sunu Moomeel insiste sur son attachement à la légalité et à la justice, refusant de voir ce combat comme un affrontement contre l’État. Il demande l’annulation pure et simple de ce permis obtenu en violation des procédures et propose, en alternative, des solutions durables pour renforcer l’agriculture locale, notamment à travers un meilleur accès à l’eau.
Ce positionnement est non seulement raisonnable, mais il incarne l’essence même d’un développement respectueux des droits humains, du cadre de vie et de l’avenir des générations futures.
À travers le monde, les projets miniers sans consultation préalable et sans respect des normes environnementales ont souvent conduit à des conflits sociaux durables, à des dégradations irréversibles et à des pertes économiques pour les populations locales. Des pays comme le Ghana ou la Zambie ont montré que la non-prise en compte des droits des communautés se traduit par des blocages coûteux et une instabilité politique. Le Sénégal, en phase d’émergence, ne doit pas suivre ce chemin.
Au regard des éléments présentés, il apparaît évident que le permis d’exploitation délivré à Koul souffre d’irrégularités majeures, en particulier le non-respect des procédures de consultation et des normes de sécurité et d’environnement. Ce projet, tel qu’il est conçu, met en danger la santé, le patrimoine socio-économique et éducatif des habitants.
L’État doit écouter les populations, annuler ce permis et s’engager dans une démarche transparente et inclusive. Il en va de la crédibilité de nos institutions, du respect des droits fondamentaux et de la pérennité du développement local. Laisser perdurer cette situation serait une faute grave qui risquerait de creuser un fossé irréversible entre gouvernants et gouvernés.
Il faut faire primer la légalité, la justice et l’intérêt général sur des décisions précipitées et contestées. Le combat des populations de Koul est juste et doit être entendu.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Maty Faty.
Mis en ligne : 13/08/2025
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